Le silence de Barbarossa en Allemagne

 

Auteur : Pierre Scordia

Quand je vais à la rencontre d'Alessandro Babarossa, c'est avec un grand sourire et une accolade bien chaleureuse que cet artiste m'accueille à la station U-Bhan de Sternschanze, au cœur de Hambourg. Ce Romain, napolitain par sa mère, bolonais par son père est un européen convaincu. Cette Europe qu'on accuse de tous les maux un peu partout sur le Vieux Continent à droite comme à gauche est, selon ses mots, la plus belle entreprise politique que l'humanité ait créée. Il ne comprend pas les Britanniques qui ont voté pour le Brexit. "Y aurait-il un moyen pour les faire changer d'avis" me demande-t-il? Je lui réponds que non, seul le désastre économique et/ou l’éclatement du Royaume-Uni les feront revenir sur leur décision.

A. Barbarossa

Cette Europe qu'on accuse de tous les maux un peu partout sur le Vieux Continent à droite comme à gauche est, selon ses mots, la plus belle entreprise politique que l'humanité ait créée. Il ne comprend pas les Britanniques qui ont voté pour le Brexit. "Y aurait-il un moyen pour les faire changer d'avis" me demande-t-il? Je lui réponds que non, seul le désastre économique et/ou l’éclatement du Royaume-Uni les feront revenir sur leur décision.

En allant à pied à son atelier, j'ai pu voir des habits et ustensiles que les Hambourgeois laissent aux réfugiés nouvellement établis en Allemagne. Cet acte de générosité m'a marqué et impressionné, personnellement, qu’ai-je fait pour aider mes semblables syriens ? Rien. Même si certaines langues disent que la générosité allemande s’avère bien calculée, Barbarossa souligne : « l’Allemagne, comme de nombreuses autres nations, a tout intérêt à changer son image internationale et à fabriquer une nouvelle mémoire collective ». 

Toujours est-il que les Allemands ont su montrer le meilleur côté de notre humanité pendant ces deux dernières années. Espérons que cela ne leur reviendra pas en plein visage comme un boomerang avec l’émergence d’un parti nationaliste. Confiant, Alessandro Barbarossa déclare que tant que l’économie sera dynamique et prospère, l’Allemagne restera une terre ouverte aux exilés.

Après avoir étudié les Beaux-Arts à Rome, Barbarossa a décidé de continuer sa carrière de peintre en Allemagne, d'abord à Leipzig et ensuite à Hambourg. Cette ville à la fois dynamique et laid-back[1] lui plait énormément. Même si les Allemands peuvent lui paraître parfois froids et réservés, il apprécie les Hambourgeois sympathiques, accueillants et ouverts d'esprit. « L'Allemagne, par sa situation économique est en ce moment un meilleur marché pour l'art que l'Italie ». Par ailleurs, contrairement à Londres ou Paris, le coût de la vie à Hambourg est abordable : il a les moyens de louer un bel appartement au centre-ville et un atelier pour sa peinture.

Dans son studio, il peint à l'huile sur du bois comme sur des toiles. Il peint toujours par terre car cette technique lui permet de mieux maîtriser l'épaisseur de la texture. Derrière sa bonne humeur et sa joie de vivre, se cache un intellectuel mystique ; ses œuvres reflètent un équilibre entre la partie critique de son cerveau, influencée par de nombreuses lectures de Sartre, de Beauvoir, d’Eco et de Russell et la partie droite, entretenue par des sessions de pleine conscience, le « mindfulness ». Le résultat est frappant. Ses tableaux abstraits suscitent lecture et réflexion, même si quelques uns paraissent au premier abord sombres, la joie qui s’en dégage semble provenir d’un silence, on est transporté dans un univers à la fois musical et visuel.

Le silence, il l’a découvert après un violent orage dans la nuit romaine, il l’a peint sur un canevas. Ce fut pour Barbarossa une expérience remplie de joie et de gratitude. Le silence, il l’a retrouvé par la suite auprès d’une fontaine à Rome, le ruissellement de l’eau se transfigurait en calme, en mystère. Les petites églises, le sous-sol romain, le Panthéon, le Temple de Venus, le cimetière monumental de Verano, les rives du Tibère, les vestiges de la ville éternelle, les concerts baroques dans les monastères et abbayes qu’abrite la capitale italienne ont été une source inépuisable de silence. Aujourd'hui, il le puise soit dans des lieux alternatifs hambourgeois et berlinois, soit dans les plaines du Schleswig-Holstein et de Basse-Saxe.

FORM-Idea Paris, le 1er janvier 2017.

[1] La traduction la plus proche serait « décontractée »

Quelques œuvres d’Alessandro Barbarossa

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Pierre Scordia

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