Interview de Dominik Senaq, artiste peintre professionnel

1. Vous dites que les impressionnistes ont influencé votre travail, à quels artistes pensez-vous ?

Les impressionnistes ont été une de mes premières portes d’accès à la peinture et au dessin. Je pense surtout à Monet par son approche de la figure et du paysage au travers d’un prisme coloré jusqu’à l’abstraction. La déstructuration au sujet des Nymphéas liée à une perte d’acuité visuelle du peintre - et par une série continue de peintures - est tout à fait fascinant. Aussi, les natures mortes de Manet et le rendu du paysage de Cézanne sont à mes yeux de grandes références.

Senaq - Pochade sur le Bassin

2. Certains peintres disent que ça ne sert à rien de dessiner des portraits ou paysages puisque nous avons la photographie. Que leur répondriez-vous ?

Je ne me sens pas attirée par l’hyperréalisme qu’on rapproche souvent à la photographie. Cependant l’appréhension du paysage ou de la figure constitue une découverte et une exploration continue de mon métier.Non, la photographie n’a pas tuée la peinture, elle l’a enrichie de nouvelles possibilités ! C’est, aussi, un réservoir inépuisable de progrès et d’acquisition d’une certaine liberté et d’expérimentation. Par exemple, regardez les œuvres de David Hockney. 

Senaq - Mail Art Janvier 2017

3. Pourquoi l’art aborigène australien vous fascine-t-il ?

L’art Aborigène australien est fascinant par ses liens multiples avec une histoire de rencontres avortées, de souffrances, et par une renaissance spectaculaire, c’est un médium d’expression nécessaire à la survie de cette culture.Il exprime un lien symbolique fort avec notre inconscient collectif (Jung) , un pouvoir hypnotique de compréhension de l’intime et du sacré, sans dogmatisme : il suscite de la joie et de véritables rencontres picturales.Il n’y a qu’à observer les sources de créativité qui s’expriment dans de grandes toiles dynamiques créées par des Hommes et des Femmes de la vie de tous les jours.

Senaq - Les MIMMIS Acrylique sur toile

4. L’art primitif pour qualifier l’art australien, n’est-ce pas paternaliste et arrogant comme expression ?

Certes qualifier l’art Aborigène australien de “primitif” peut sembler maladroit en ces temps de politiquement correct. Cependant, je ne vois pas le mot “primitif” ici comme un terme dépréciatif, je le comprends comme une formule inaltérée : un art remontant du fond des âges et en perpétuelle évolution ! Il ne s’agit pas d’un art déconnecté de son substrat et de son décoratif mais d’un art toujours vivant et en perpétuel devenir.

Senaq - The Web Acrylique sur toile.

5. Est-ce qu’il y a une empreinte spirituelle dans votre art aussi ?

L’Art en création est en gestation de son devenir, il n’est jamais décoratif. Faire appel à “notre volonté de création “ est un moyen d’expression de nos relations à la société et aux autres. C’est une proposition de dialogue qui sera acceptée ou rejetée, mais qui ne laissera jamais indifférent car elle s’inscrit dans le partage par la contemplation de l’image. Donc, oui, il existe une empreinte spirituelle dans mon Art.

La danseuse qui nage et la nageuse qui danse - Aquarelle et fusain sur papier

6. Est-il plus facile de peindre l’abstrait que le nu par exemple ?

Ces deux sujets font appel à des bases de travail communes (rapports de force, équilibre, contraste, couleurs etc.) Leur mise en œuvre est différente et la personnalité de l’artiste trouvera toujours à s’exprimer.

Abstract Landscape  - Techniques mixtes sur papier (2016)

7. Vous arrive-t-il de détruire un tableau si vous n’en êtes pas satisfaite ?

Je recouvre un tableau si je n’en suis pas satisfaite, il servira de fondation à l’élaboration d’une œuvre nouvelle. J’ai retravaillé ainsi plusieurs toiles, sur lesquelles plusieurs couches picturales se succèdent, l’une fécondant la prochaine.

 

Croquis sur carte Amérique (2017)

8. Dans le monde on idéalise la France comme le pays par excellence de la culture et de l’art. La France mérite-t-elle cette réputation ?

La France possède un vaste patrimoine intellectuel, moral et esthétique, de musées historiques, de collections qu’elle se doit de faire rayonner et sur lequel elle doit veiller. Le poids de l’Histoire imprègne ses structures culturelles. Cependant l’Art Contemporain Institutionnel est largement présenté en régions, et de nombreuses Fondations voient le jour. Nonobstant, le manque de visibilité d’une création “ hors des sentiers battus “ est criant.

9. Les tenants de l’Art Officiel d’aujourd’hui ne seront-ils que les oubliés de demain ?

Traquons notre sillon, affrontons nos épreuves, partageons avec le public, enrichissons notre œuvre, et travaillons, travaillons comme des acharnés. Et surtout tentons de ne pas nous décourager. Les belles rencontres qui m’ont été données de faire au cours de ma carrière en sont la preuve !

Hommage à Rotko - acrylique sur papier (2016)

10. Où peut-on voir vos œuvres ?

Mes œuvres sont principalement visibles sur Internet. Du 15/02/2017 au 19/02/2017, je serai présente au Salon du Dessin et de la Peinture à l’eau Art en Capital à Paris Grand Palais et certaines de mes œuvres seront exposés.Je participe toute l’année à de nombreux salons dans la région Nouvelle Aquitaine, notamment sur le Bassin d’Arcachon.

Abstrait rose - Acrylique sur papier (2016)

11. Pourquoi avez-vous choisi Bordeaux comme lieu de résidence ?

Je me suis installée très tôt dans ma vie à Bordeaux qui s’est révélée comme un lieu privilégié de créations par sa proximité avec l’Océan, les forêts de Pins, la douceur de vivre, sa lumière, ses hommes et ses femmes, et mes rencontres exceptionnelles avec de grands artistes de la Région.J’ai poursuivi ma formation au sein de cette ville (Beaux Arts - Cours de la Société Philomathique de la Ville de Bordeaux, Associations artistiques ...)

FORM-Idea Paris, le 6 février 2017. Interviewée par Pierre Scordia.

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Les œuvres de Dominik Senaq

FΩRMIdea Paris

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