Peut-on parler d’une victoire de l’abstention en France ?

 

Auteur: Charles Chardonnet

Dimanche 11 juin, les élections législatives ont donné une avance favorable à La République En Marche (environ 32% au résultat final) mais un chiffre a plus particulièrement retenu l'attention, celui de l'abstention qui dépasse les 50% (51,29% précisément), un triste record. Plus d'un Français sur deux, inscrits sur les listes électorales, n'a pas souhaité se prononcer! Des abstentionnistes si nombreux que des médias leur attribuent la victoire. Peut-on gagner des élections sans y avoir participé ?

Le vrai classement donne bien LREM en première place, suivent les Républicains, le Front National, les insoumis et le Parti Socialiste. Un exemple qui peut sans doute paraître grotesque mais qui illustre bien l'idée du propos précédent est celui-ci : si on s'inscrit à une course cycliste et que l'on refuse finalement de se présenter sur la ligne de départ, il est logique qu'on ne soit pas comptabilisé dans le classement.

Penser que l'abstention est principalement due à un manque de représentativité électorale est aussi une erreur. Quand on voit le nombre conséquent de candidats au poste de députés dans chaque circonscription (14 dans la mienne par exemple), se situant de l'extrême gauche à l'extrême droite sans oublier des partis régionalistes et identitaires (résident en Bretagne, je peux témoigner de ces candidatures diverses), il y a de quoi se sentir représenté par ces aspirants.LREM, LR, FN, FI, PS étaient tous des partis présents aux élections présidentielles, et l'abstention au premier tour n’atteignait que 22%, alors pourquoi a-t-elle ainsi augmenté de presque 30 points en un mois?

L'abstention résulte principalement de trois, voire quatre comportements politiques : il y a d'abord la personne qui n'éprouve pas d'avis particulier à donner sur le sujet et ne souhaite donc pas « fausser » les résultats par son absence d’intérêt. Il y a aussi celle qui ne s'intéresse absolument pas aux élections car elle estime que la politique ne changera pas sa vie. Son avis ne se fait pas sur des partis, des programmes, seuls comptent ses propres intérêts.

Il existe également un l'électorat dit « volatile », celui qui alterne entre vote et abstention. Ces individus choisissent de réagir en fonction de l’élection, donc les législatives de dimanche ont suscité beaucoup moins d’enthousiasme. Enfin, une quatrième attitude consiste à préférer consacrer son temps à ses loisirs, le civisme étant une valeur négligeable.

Ceci dit, la raison principale de ces abstentions a été l'incapacité du PS et des Républicains à se relever de leur défaite cuisante aux présidentielles, leurs sympathisants ayant rejoint la majorité En Marche. Les deux autres partis qui veulent incarner l’opposition (le FN et la FI) ont vu leur aura peu à peu se dissiper.

Il est probable que la bonne image nationale et internationale du nouveau président de la République, Emmanuel Macron, a incité les gens à s'abstenir, sa victoire leur semblant assurée. Si une forte abstention est souvent utilisée pour «décrédibiliser» les résultats finaux, elle est aussi porteuse d’un message : débattre sur l'utilité du vote blanc et nul, affirmer un refus de jouer avec des dés truqués.

C'est par un manque d'intérêt et de volonté politique qu'on explique principalement ce phénomène, donc non, l’abstention ne peut pas remporter une élection, quelles que soient ses causes.

FΩRMIdea Nantes, le 15 juin 2017.

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