L’illusion de l’insoumission

 

Auteur: Charles Chardonnet  

Les mots révèlent souvent l'attitude et les opinions politiques de certains. Dans les slogans, le nom des partis ou les qualifications qu’on leur attribue ne sont pas anodins.

Pour qualifier le candidat Jean-Luc Mélenchon un seul mot suffit : Insoumis. Mon dictionnaire Robert Plus m'aide bien peu dans la définition qu’il m’en donne: « Qui refuse de se soumettre. 2. Soldat insoumis ». Le mot soldat peut se rapporter au combat, à la guerre politique que mène notre homme à ce qu'il a appelé lors de son rassemblement pour la VIe République : « La Monarchie présidentielle ».

On peut donc penser que le président détient trop de pouvoirs, c'est sans doute vrai, Mais le successeur de Général de Gaulle ne peut s’identifier aux monarques qu’a connus la France des Capétiens et des Bourbons-Orléans. Par contre, s’il exprime aussi l'idée d'un manque de renouvellement au sein de la classe politique, qui serait gouvernée uniquement par les mêmes personnes depuis des années, notre candidat ne peut prétendre incarner le révolutionnaire car ses 65 ans et ses nombreuses années passées au Sénat caractériseraient plutôt un privilégié en mal de notoriété.

La définition de se soumettre désigne un insoumis, donc quelqu'un qui refuse de se mettre dans un état de dépendance, de se maintenir dans un état d'obéissance et de se priver de faire ou ne pas faire. On comprend bien que les antonymes sont : «  soumis » ou encore « obéissant ». En revanche : rebelle, désobéissant, frondeur, indiscipliné, récalcitrant, rétif, révolté, séditieux, indocile, réfractaire, déserteur, mutin et enfin objecteur de conscience constituent une énumération tantôt valorisante, tantôt inquiétante.

Jean-Luc Mélenchon (Photo : 20 minutes)

Si l’on s’en tient à ces définitions, on comprend que J-L Mélenchon rejette, critique, s'oppose, il refuse de prêter serment à l'autorité légitime qu'est l'autorité publique. Il prend les armes contre le pouvoir politique en place de manière indocile et veut mener, par une révolte violente, une résistance en portant les idées qu'il défend avec entêtement et indignation. Si les mots semblent porteurs, il y a quand même un paradoxe dans le côté rétif, déserteur et objecteur de conscience que pourrait avoir J-L Mélenchon.

Il l'a dit lui même, ce sera au peuple de décider, et si le peuple n’est pas favorable à certaines de ses propositions il se désistera. Mais si l’homme providentiel est rétif, ce sera difficile de le convaincre, donc de le faire changer d'avis, alors… Sa politique se veut celle de l'avenir comme tous les candidats ; or dans sa manière de discourir, dans son programme économique keynésien tout calculé mais qui ne fonctionne plus depuis des années, ainsi que dans les symboles révolutionnaires et communistes arborés dans ses rassemblements, il ne fait que reprendre les antiennes du passé.

Si aux yeux de ses soutiens non extrémistes ses propositions ne sont pas extrêmes, c'est le ton et la manière de les imposer qui le sont. Ce n'est pas en cassant tout et en recommençant qu'on avance. Ce n'est pas en se donnant pour ennemis tous ceux qui paraissent supérieurs et intouchables qu'on vise à la cohésion et à l'harmonie sociale. Enfin, ce n'est pas en se sentant négligé et incompris qu’on est forcement soumis.

Le but de ce message n'est pas d'influencer vos votes ni de vous faire changer d'avis. Je respecte vos orientations politiques quel que soit le candidat que vous soutenez (ou que vous ne soutenez pas encore). Même si ce texte peut vous paraître préjudiciable à Mélenchon, j'ai simplement voulu ouvrir une réflexion autour du mot qui est censé le représenter. L’engouement dont il bénéficie ces derniers temps est le résultat de ses talents d’orateur. J'ai le vague sentiment que se dessine en réalité une finale entre les deux extrêmes.

FΩRMIdea Paris, le 10 avril 2017.

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