POURQUOI LA BIGOREXIE ?
Auteur: Julien Bertherat
De nombreux débats ont eu lieu récemment sur ce qu'on appelle la « bigorexie », nouveau terme à la mode dans les médias, il désigne la dysmorphie musculaire : une perception déformée dans l'esprit de certains hommes du fait qu'ils manquent de muscles ou de force physique. C’est une maladie qui semble toucher de nombreux jeunes hommes et adolescents.
La bigorexie
La bigorexie ressemble à l’anorexie mentale, une maladie qui touche principalement les femmes atteintes d’un trouble mental caractérisé par un désir obsessionnel de perte de poids, d’où refus de s’alimenter. Ces deux états pathologiques semblent être liés.L’anorexie mentale est bien connue, ses dommages aussi : séquelles importantes, qu’elles soient mentales ou physiques ; en effet, l'adoption d'un régime alimentaire drastique prive le corps des nutriments dont il a besoin pour fonctionner sainement. Les causes de l'anorexie proviendraient d’une maladie mentale et de la pression exercée sur les femmes qui veulent se plier aux exigences de l’idéal féminin : la minceur.
Alors, quel est le problème avec la bigorexie ?
Pourquoi tant de jeunes gens se définissent-ils et façonnent-ils leur vie en se basant sur une image de soi hors du commun ?
La bigorexie suit un scénario « semblable à l’anorexie mentale », elle se caractérise par un idéal physique, celui de la musculature, de la force et de la vitalité chez l’homme. Pour y parvenir des hommes sont prêts à recourir à une consommation excessive de divers produits, à abuser du gymnase ou de l’entrainement physique au mépris de leur organisme et de leur équilibre.
Alors, comment avons-nous pu en arriver là ? Que faire ?
Il est révélateur que les jeunes hommes sont les plus touchés par la maladie de la bigorexie qui s’est révélée au cours de ces trois dernières décennies. Les mâles en mal de virilité sont aujourd'hui plus vulnérables, ce qui devrait normalement susciter une prise de conscience de soi, une réflexion sur une carrière valorisante, une autre conception des relations amoureuses et familiales. On sait que le développement émotionnel des hommes se poursuit pendant la vingtaine et ne se termine pas avant 24 ou 25 ans, alors, qu’ils se servent de ce potentiel !
L'environnement et les médias omniprésents exercent une pression permanente et oppressante, s’ajoute un marché du travail très compétitif où hommes et femmes rivalisent plus que jamais ; aussi, les jeunes hommes finissent-ils par miser sur leur attrait physique et leurs autres atouts comme d’ailleurs l’ont fait les femmes avant eux, à une époque où le marché du travail était très favorable aux hommes.
Pour se démarquer du commun des mortels, les jeunes hommes d'aujourd'hui doivent refléter l’image de l’homme idéal avant qu'un autre concurrent ne prenne leur place et n’obtienne la récompense dans un monde constamment changeant. C'est un environnement assez malsain et en tant que coachs personnels, nous sommes souvent confrontés à la vulnérabilité masculine et au désir immédiat de devenir Monsieur muscles le plus rapidement possible.
Homme présentant ses muscles en plein session
L’ère du « tout de suite »
En tant que coachs, nous devons insister sur le renforcement progressif de la corpulence et de ses avantages à long terme. Il faut investir sur la forme physique durable, facteur d’épanouissement personnel et même de modification de la personnalité. Les chemins qui mènent à la forme physique et au bonheur sont reliés, et ce n’est que par la prise de conscience de soi que l’une peut mener à l’autre.
En fin de compte, c’est uniquement en développant la force de notre moi intérieur et celle de notre physique que nous pourrons nous évaluer et affronter un âge concurrentiel et potentiellement menaçant. L’épanouissement personnel est beaucoup plus attrayant aux yeux des autres que n'importe quelle quantité d’anabolisants ou de performances musculaires.
FORMIdea Londres, le 22 décembre 2018. Texte traduit de l’anglais par Pierre Scordia
Julien Bertherat
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