LE CHEF DE L’ÉTAT NE PARLE PAS FRANÇAIS : UNE GIFLE AU VISAGE DE LA NATION QUÉBÉCOISE

 

Auteur : Frédéric Bastien

Les Québécois ont reçu une nouvelle gifle au visage de la part du gouvernement fédéral le 6 juillet dernier. Justin Trudeau a nommé Mary Simon gouverneure général du Canada, une haute fonctionnaire qui ne parle pas français. Cette dernière a un parcours méritoire mais il est inacceptable qu’elle s’adresse aux Québécois en anglais seulement comme elle l’a fait lors de l’annonce de sa nomination. Il ne fallait pas laisser passer cet outrage et j’ai donc porté plainte auprès du Commissaire aux langues officielles. Chaque fois que Madame Simon s’adressera à nous en anglais seulement, je porterai une nouvelle plainte.

L’intéressée a passé une dizaine d’années dans la fonction publique fédérale et elle se déresponsabilise totalement du fait qu’elle ne parle pas français. Elle a dit qu’on l’a « privée de l’opportunité d’apprendre le français » quand elle était jeune parce que les fédéraux n’enseignaient pas cette langue dans les écoles autochtones du Grand nord. Je me permets de dire que j’ai appris l’italien à distance de l’Italie et que je le parle couramment. J’ai réussi cet apprentissage parce que j’ai y mis l’effort. Il est infiniment plus difficile d’apprendre l’italien au Canada que le français. Quand on veut on peut. Quand on ne veut pas, on cherche des excuses et on blâme les autres.

Le Canada a eu des gouverneurs généraux qui ne parlaient pas français dans le passé. Le dernier est Ed Shryer, qui occupait la fonction dans les années 70. On croyait en avoir fini avec ce genre de situation mais là on recule de 50 ans en arrière. Il s’agit d’une situation inacceptable et qui montre ce que Trudeau pense vraiment du fait français.

Le plus formidable dans cette histoire est la leçon de morale que les multiculturalistes canadiens nous servent quand on critique la nomination. Oui mais c’est une autochtone, cessez de vous plaindre avec le français! Quoi? Les autochtones seraient incapables de parler français? Il y a plusieurs amérindiens méritoires que Trudeau aurait pu nommer à la place de Mary Simon et qui parle un excellent français. Pensons notamment à Konrad Sioui, l’ancien chef des Hurons-Wendat, ou encore Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des premières nations du Québec.

Encore une fois on se retrouve dans une situation de deux poids deux mesures quand il s’agit des fédéraux et des deux langues officielles. Si on avait eu des candidatures autochtones mais que les personnes pressenties avaient été incapables de parler anglais, juste le français et une langue autochtone, est-ce que Trudeau aurait nommé l’une d’elles et est-ce que les multiculturalistes canadiens diraient qu’il n’y a pas de problème? Comme dit l’adage, poser la question, c’est y répondre.

form-idea.com Montréal, le 16 juillet 2021.

Fréderic Bastien est historien, écrivain et homme politique au Québec. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont La Bataille de Londres (dessous, secrets et coulisses du rapatriement constitutionnel). 

 

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