Matteo Dugast

Matteo Dugast est un réalisateur français, formé à la Sorbonne, à l’école de la Cité du Cinéma et à la réalisation d’œuvres plurielles : fiction, documentaire, expérimental. Il a notamment travaillé sur les violences faites aux femmes et a remporté des prix pour ses courts-métrages « Excision » et « J’avais 9 ans »[1]. En 2024, il sort son premier long-métrage de fiction « Les Comédiens » qui raconte l’histoire d’une génération de jeunes acteurs qui passent un casting sauvage pour une saga fantastique. Il prépare également la collection de films dansants « Transcendanse ». Matteo Dugast est un créateur passionné et engagé qui explore différents genres et formats cinématographiques.

Présentation de son parcours

Depuis quand t’es-tu lancé dans la création de court-métrage et à présent de long métrage ?J’ai commencé mes premiers courts-métrages il y a 10 ans. En 2018 et 2019, j’ai travaillé sur le sujet délicat de l’excision pour en faire deux courts-métrages : « J’avais 9 ans » et « Excision ». En septembre 2021, je me suis mis à l’écriture de mon premier long-métrage « Les Comédiens », un projet auto-produit et créé avec 200 personnes. « Les Comédiens » est un sacré défis, entre préparer le film, le tourner, le produire et le partager. Il doit à présent être diffusé et vu. Si je dois parler d’un dernier défi, ce serait même de l’adapter en une série.

Tu abordes des sujets très différents dans tes créations, comme l’excision et maintenant les comédiens. Comment choisis-tu les thèmes que tu veux filmer ?L’excision est venue à travers un article de journal que j’ai lu. J’ai voulu en savoir plus. Quand j’ai appris que 200 millions de femmes ont subi l’excision dans le monde, cela a été le point de départ de mon travail sur ce sujet délicat.Pour les comédiens, j’ai intégré il y a deux ans un atelier de direction d’acteurs : Artifex. C’est un lieu qui réunit acteurs, actrices, réalisateurs et réalisatrices pour travailler sur un langage commun. C’est ici que j’ai rencontré tout le casting de mon film.

Quels messages veux-tu faire passer ? As-tu un fil conducteur ?J’ai la chance de réaliser des travaux très différents, que ce soit sur un sujet contemporain comme l’excision, sur les difficultés des jeunes acteurs dans « Les Comédiens » ou sur l’amour raconté par la danse avec « Transcendanse », pour mon prochain projet. J’aime changer de thème, découvrir de nouvelles choses, rencontrer de nouvelles personnes et me lancer de nouveaux défis.Concernant le fil conducteur de mes productions, c’est vrai que j’aborde souvent des sujets en lien avec le corps ; le jeu, le dialogue, c’est avec son corps qu’on le produit. Mes créations parlent du rapport à l’autre, de l’intimité et de la sexualité comme pour le sujet de l’excision. Dans « Les Comédiens », je présente les acteurs et leurs interactions sociales, leurs émotions sont fortes. Enfin, pour « Transcendanse », le fil rouge est un parcours amoureux et le sujet du corps en mouvement.

Le long-métrage « Les Comédiens »

Comment s’est effectuée la transition entre le court et le long-métrage ? S’agit-il d’une transition définitive ?A l’origine, mon film « Les Comédiens » devait être plus court pour rentrer plus facilement dans le cadre de l’autoproduction. Finalement, avec sa douzaine de personnages, le grand nombre de scènes, de décors, d’interactions… Le choix d’un long-métrage s’est imposé pour pouvoir raconter toute l’histoire telle que je l’avais pensé.Ce film a été une très belle occasion de faire ses premières armes sur un format long. Mon envie est de poursuivre l’écriture et la réalisation de longs-métrages, mais je ne ferme pas la porte au format court, en témoigne « Transcendanse », une collection de six court-métrages dansants que je prépare.

Les comédiens est un film qui suit de jeunes artistes. Pourquoi avoir privilégié une histoire avec des jeunes ?Je voulais me concentrer sur ma génération et ne pas filmer l’adolescence comme on trouve habituellement au cinéma avec les teen movies. Je désirais plutôt filmer des acteurs de mon âge, entre 20 et 30 ans, qui ont quitté l’école et sont dans la vie active. C’est une période de la vie où nous sommes confrontés à des choix et à des responsabilités nouvelles. On se questionne sur son avenir, sur son métier, sur ses passions, encore plus pour ceux et celles qui ont choisi le métier d’acteur et d’actrice qui exige une vraie dévotion. C’est une profession où il y a beaucoup de rencontres et de concurrences. Il y a à la fois de l’envie, de la peur, de la jalousie et de l’amour. La matière est riche à filmer.

Le tournage du film | credit : Margaux Joubz

Le tournage a connu une période particulière avec la pandémie de coronavirus. La vidéo promo montre un soulagement pour toute l’équipe de pouvoir enfin partager ce film. Peux-tu me raconter le déroulement du tournage et la motivation que vous avez gardée tout au long de ce projet ?Le film a été préparé de septembre à décembre 2021. Nous avons connu une vague de covid pile au début de la session de tournage. L’idée de décaler le tournage nous a effleurés, mais avoir autant de personnes disponibles au même moment représentait une opportunité rare. Ainsi le choix a-t-il été de maintenir le tournage, au risque d’être interrompu. Il y avait de grosses craintes, car on filmait les scènes de casting en studio : si un acteur avait la covid, ça remettait tout en question que ce soit le planning pour les techniciens, la location du studio et du matériel. La pandémie est la pire chose qu’une équipe puisse connaître, car le tournage est un moment d’interactions et de partage. On suivait le protocole sanitaire, ce qui rendait le tout un peu plus difficile et de surcroît pour faire un film en autoproduction.

Situation actuelle et projets futurs

Quel est ton objectif avec « Les Comédiens » pour l’année 2024 ?J’espère pouvoir convaincre une plateforme ou une production pour donner au film un avenir et le distribuer. Ce serait la concrétisation ultime de cette longue aventure ! Aventure qui n’a peut-être pas dit son dernier mot puisque j’ai pensé mon film aussi comme un pilote de série. On suivrait 12 trajectoires entrecroisées de jeunes acteurs, prêt à tout pour faire leur place dans le monde du cinéma…

En guise de conclusion, pourrais-tu nous parler un peu de ton futur projet « Transcendanse » ?Pour résumer, c’est une collection de 6 films dansants sur l’amour et l’opéra. Il y a 6 binômes de réalisateurs et chorégraphes qui proposent dans chaque film une mise en scène différente et une réalisation singulière, le but étant de raconter une histoire par le corps et le mouvement.

[1] Le Grand Prix du Jury du Festival Amnesty International et le prix Coup de Cœur du Mobile Film Festival 2018.

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