Moi, Angelina, 18 ans, lycéenne et caissière

 

Autrice : Angeline Chardonnet

En tant que caissière et étudiante, je souhaite m'adresser à toutes les personnes paniquées qui sont allées aller faire des courses et des réserves afin de ne rien manquer. Je peux comprendre vos réactions à tous et à toutes et je conçois même que faire les courses une bonne fois pour toute soit plus judicieux que d'y retourner à plusieurs reprises dans une même semaine pendant cette période de risque sanitaire.

Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que mes bras sont claqués, mon dos courbaturé et mes épaules fatiguées d'avoir passé vos deux caddies remplis de pâtes, de conserves, de bouteilles d’eau et surtout de papiers toilettes... gestes répétitifs pendant des heures sans pause car une foule de clients pressés ne m’ont pas permise d’aller aux toilettes ni même de boire pour me déshydrater. Mon intention ici n’est pas de juger ni de condamner quiconque car tout le monde peut réagir de différentes manières en ces temps de peur, de stress et de confinement presque total.

Toutefois, je souhaite rappeler que les bonnes manières et le respect ne sont pas dangereux pour la santé. Tout d'abord, je tiens à préciser que si les rayons sont vides, ce n'est pas parce qu’il y a une pénurie, non, c'est parce que vous les avez dévalisés dans un moment d’effroi collectif. Mais je vous rassure, les supermarchés ne fermeront pas… Sachez que même les Italiens continuent de faire leurs courses dans une conjoncture encore beaucoup plus tragique que la nôtre. Nous, caissières, serons toujours là afin de répondre à vos besoins en kilos de pâtes. Le télétravail n’est guère une option pour nous.

Ne nous jugez pas si nous portons des gants ou plus rarement une visière - à défaut de masque - car nous aussi, employé-e-s de supermarchés - souhaitons nous protéger des échanges avec des centaines de clients que nous voyons défiler quotidiennement. Il se peut qu’une d’entre nous porte un masque à cause d’une pathologie de naissance que vous ignorez. Pensez à nous lorsque vous toussez juste en face de nos écrans, souvent à moins d'un mètre de nous, ou éternuez dans vos mains avant de nous donner de la monnaie.

Mais le plus important... soyez agréables ! Ce n'est pas de notre faute si c'est cher, ce n'est pas de notre faute si parfois l’attente est longue, ce n'est pas de notre faute s'il n'y a plus rien dans les rayons. Rappelez-vous que sans nous, votre supermarché serait fermé et sans votre supermarché, vous ne mangeriez plus. Mais soyez apaisés, nous serons toujours là, tout au long de cette crise, du moins pour celles d’entre nous qui ne tomberont pas malades.

S'il vous plait, enlevez les packs d'eau et les packs de bières du tapis, toussez dans votre coude, posez la monnaie sur le présentoir en face de vous et souriez-nous ! Au cas où vous ne le remarquiez pas, nous vous sourions le plus souvent en espérant que ce geste sera contagieux.

Angelina, pour vous servir !

form-idea.com, le 28 mars 2020.

Rayons vides dans un supermarché près de New York | ©Jean-François Scordia

Follow Us

Facebooktwitterlinkedinrssyoutubeinstagram

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *