Le destin égocentrique d’Amélie Poulain

Le film vu d’Angleterre

Autrice: Elizabeth Ross

Amélie est le personnage principal dans le célèbre long métrage « le destin fabuleux d’Amélie Poulain » réalisé en 2001 par Jean-Pierre Jeunet. Amélie est une jeune serveuse, habitant Montmartre et pour mettre un peu de piment dans sa routine, elle décide de transformer la vie des gens qui l’entourent.

A priori, personne ne considérerait l’adorable Amélie comme une femme égoïste. Bien au contraire, elle paraît altruiste. Mais méfiez-vous, l’habit ne fait pas le moine… Derrière le beau sourire et la charmante nature d’Amélie se cachent des actions narcissiques. Lorsqu’elle ruse, elle est à la fois inconsciente et indifférente du sort réservé à ses cibles qu’elle utilise comme cobayes. Par exemple, la seule raison qui la pousse à arranger une liaison entre Georgette et Joseph est la curiosité. Elle veut vérifier si la recette amoureuse de Suzanne qui consiste à faire croire à deux personnes que l’une plaît à l’autre marche. L’entremise manigancée par Amélie a pour seul objectif de la divertir, bien qu’elle sache que Joseph souffre de sérieux troubles obsessionnels. Elle aurait dû éviter une telle intrigue car la relation était vouée à l’échec dès le départ. Pire, elle reste impassible quand les deux amants s’entredéchirent.

Certes, il est vrai que certains de ses stratagèmes produisent de bons résultats mais l’effet recherché chez Amélie est avant tout l’autosatisfaction ; elle cherche une sensation de bien-être par sa propre bienveillance. D’ailleurs, dès le début du film, on remarque que la réaction de Dominique Bretodeau importe peu… Ce qui compte pour le réalisateur est le sentiment de contentement chez Amélie. Lors de la scène où Dominique est touché, voire bouleversé, l’attention se porte principalement sur le ressenti d’Amélie, en plein extase devant son propre geste. Cette séquence souligne l’égoïsme de la protagoniste qui, au lieu de s’intéresser à la réaction de Bretodeau, se concentre sur sa personne. Il y a même une petite séquence où elle s’identifie à Marie-Thérèse, renforçant chez elle l’idée de sainteté.

Amélie nous rappelle le personnage d’Emma de Jane Austen, une autre femme qui se mêle de la vie des autres pour son propre plaisir ; à la différence que Jane Austin souhaitait que ses lecteurs se rendent compte que les subterfuges d’Emma étaient néfastes. Par contraste, Jean-Pierre Jeunet désire que les spectateurs s’entichent de son héroïne. Pour arriver à cette fin, il fait en sorte que toutes les entreprises initiées par Amélie Poulain se terminent bien.

Pourtant, les agissements d’Amélie ne sont pas meilleurs que ceux d’Emma. C’est simplement la façon dont les actions et leurs conséquences sont présentées qui influence les spectateurs à conserver une vision positive d’Amélie.

Ainsi Amélie reste-t-elle une femme manipulatrice qui n’a dans le fond rien de séduisant.

form-idea.com Londres, le 10 octobre 2020. Read this article in English

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