Faut-il s’offrir un surclassement pour les Antilles ?

Auteur : Pierre Scordia

En hiver, on rêve d’une ou deux semaines au soleil, loin de la grisaille qui n’en finit pas. Les Antilles deviennent alors l’une des options privilégiées par les Français car elles ne sont qu’à huit heures de vol de Paris et elles ne demandent aucune démarche administrative. Ayant rejeté par référendums toute autonomie, la Guadeloupe et la Martinique fonctionnent comme des départements hexagonaux, une simple carte d’identité suffit pour s’y rendre. Qui dit département, dit couverture médicale universelle pour tous les Français. Un souci de moins pour les touristes métropolitains.Voyager pendant 8 heures n’est plus le grand départ comme dans les années 60 ou 70. Le service devient de plus en plus low-cost et le voyage se transforme en trajet pénible surtout si on a des enfants et que l’écran de divertissement devant son siège est pauvre en contenu ou fonctionne mal. Un surclassement peut rendre l’expérience du vol plus agréable. On se sentira certainement moins fatigués à l’arrivée. Mais vaut-il la peine de débourser entre 250 et 2000 Euros de plus sur un aller simple pour voyager plus confortablement ?

On a expérimenté à différents moments de l’année les vols entre Paris et la Guadeloupe et la Martinique avec les trois compagnies qui se disputent le marché : Air France, Air Caraïbes [1] et Corsair. Chacune d’entre elles présente des points forts.Air France est sans aucun doute la meilleure compagnie pour la classe économique : moins d’attente pour l’enregistrement, meilleure organisation pour l’embarquement, boissons et repas plus satisfaisants, personnel plus aimable et compétent. Pour la classe économique, Corsair et Air Caraïbes ressemblent plus à des low-costs avec des files interminables à l’enregistrement.

La classe Premium d’Air Caraïbes a retenu notre attention car elle permet de voyager confortablement pour un prix très raisonnable grâce à son système d’enchères emprunté aux compagnies américaines. La classe Caraïbes est la meilleure option sur cette compagnie. Les repas sont très bons et les sièges sont confortables, légèrement moins que sur Air France ; par contre, elle est beaucoup plus accessible en termes de prix grâce à l’enchère. Les classes premium chez Air France et Corsair sont bonnes, mais plus onéreuses.

Pour la classe Business, Corsair arrive en haut du classement car cette compagnie nous fait revivre le service de la belle époque de l’aviation. On a l’impression de faire partie d’un club chic : sièges confortables, personnel très attentionné, excellents menus et grande variété de vins, alcools et boissons. Pas étonnant qu’elle soit privilégiée par les riches békés [2] se rendant dans l’Hexagone. Mais s’occuper d’une douzaine de sièges d’affaires sur Corsair est sans doute plus facile pour un personnel que de veiller sur le service d’une quarantaine de passagers Business comme sur les Boeing 777 reconfigurés d’Air France. Il faut noter que les nouveaux sièges d’Air France permettent de s’isoler avec des parois de chaque côté. Si vous êtes membres du programme Flying Blue d’Air France/KLM, ça vaut vraiment la peine d’utiliser ses miles pour s’offrir ce surclassement auquel aucune TVA ne sera ajoutée. Par ailleurs, les écrans d’Air France sont de loin les meilleurs et cela pour toutes les classes. 

La classe Madras chez Air Caraïbes était dans l’ensemble décevante, sauf pour le repas. Il est vrai qu’on ne peut juger une compagnie aérienne sur un seul vol car il suffit en fait de la bonne ou mauvaise humeur d’un seul agent de bord pour que votre vol devienne une expérience plaisante ou désagréable.Le reproche qu’on peut faire à Air Caraïbes est le design des sièges et leurs divertissements. Bien que leur Airbus A350 soient modernes, récupérer un smartphone qui malencontreusement glisse sous un siège est une tentative de longue haleine : une passagère a récupéré le sien au bout de trois quarts d’heures ; l’homme d’affaires devant moi n’a pu retrouver le portable de son entreprise qu’à l’arrivée des techniciens à Orly malgré la longue intervention du personnel de bord.Pour ce qui est du divertissement, il était devenu aléatoire sur notre vol. C’était un peu la loterie, tout dépendait du numéro de votre siège. Sur le mien, seuls 7 films étaient disponibles, mon voisin en avait 28, celui de la rangée à ma gauche en avait 52. Le chanceux ! Enfin, l’homme d’affaires devant moi n’en avait que cinq. Ce n’était décidément pas son jour… Le pauvre !  Lorsque je suis allé parler poliment à la cheffe de Cabine pour lui demander si le problème technique allait être réglé, elle me répond sur un ton hautain, probablement énervée par toutes ces failles techniques. J’ai dû lui rappeler qu’on avait tous payé assez cher pour voyager en classe Madras et qu’il était normal qu’on s’attende à un service de divertissement conséquent. Plus tard, constatant sa mauvaise humeur et que le programme sur mon écran était toujours réduit en choix, je lui ai signalé que j’étais blogueur et que j’allais écrire un petit article. A partir de cet instant, la magie se produit. Le sourire, l’humour et les petits gestes attentionnés étaient présents pendant tout le reste du vol. Elle me prévint à l’avance qu’il n’y aurait pas de café car leur machine Nespresso ne fonctionnait pas et qu’elle ne pouvait rien faire malheureusement pour les écrans de peur que le système de divertissement ne redémarre plus pour tout l’avion.

Il est donc préférable de garder vos miles ou vos euros pour les vols de longue durée, de plus de 10 heures, à moins que vous ne décidiez de dormir dès votre embarquement dans l’avion. Pour les vols transatlantiques de moins de 8 heures, vous serez quand même fatigués surtout pour le retour vers la métropole car 3 ou 4 heures de sommeil ne suffisent pas pour éviter le décalage horaire sur les transatlantiques.Les trois compagnies aériennes françaises restent correctes dans l’ensemble surtout pour leur service restauration et boissons. Si on compare à d’autres compagnies européennes et nord-américaines, elles sont bien au-dessus de la moyenne. Par exemple, leurs menus Premium sont nettement supérieurs à la médiocre et maigre bouffe (pas d’autres qualificatifs) de Lufthansa en Business. Les compagnies germaniques sont plutôt pingres et soucieuses d’économies.Par contre, si vous avez la chance de voyager avec la compagnie britannique Virgin Atlantic (partenaire d’Air France-KLM), vous serez impressionnés par toutes les prestations du service Business.

***

[1] Air Caraïbes est, contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, une compagnie vendéenne. Corsair est beaucoup plus antillaise qu’Air Caraïbes qui avec French Bee appartiennent au groupe familial Dubreuil.[2] Anciens propriétaires blancs des plantations de canne à sucre. Aujourd’hui, les quelques familles békés martiniquaises dominent l’économie de la France ultramarine.Mes remerciements à Annie, Bettina, Beverley, Claudia, Carole, Helen et Stéphane.


Air Caraïbes – Classe Business : 7 choix de films (Airbus  A350 – Janvier 2024)

Petit écran d’une autre époque sur les Boeing 747-800 de Lufthansa (Décembre 2023) 

Menu Business sur Corsair

Business | Air Caraïbes

Air France | Boeing 777 reliant Paris aux Antilles

Boeing 747-800 de Lufthansa servant pour les liaisons  transatlantiques



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