Hugo Durante et l’Apocalypse
Le matin, en allant promener ma toute jeune chienne au jardin botanique de Bordeaux, j’ai rencontré tout un groupe de passionnés d’animaux. Là-bas, mon cocker anglais a pris l’habitude de jouer avec une Shiba Inu, son propriétaire est un artiste plasticien dont les œuvres sont fascinantes.Les promenades dans les parcs l’ont conduit vers ce qu’il appelle « des fantômes de jardins », statues à l’agonie que les gens ne regardent plus. L’envie de les faire revenir à la vie l’a gagné dans un geste analogue comme les premiers archéologues ont remodelé la vie des artéfacts égyptiens enterrés sous le sable. Le cœur de son travail se base donc sur la chute et la ruine, contrairement à ce qu’on pourrait craindre, ses œuvres ne sont pas anxiogènes, il y a même une certaine vitalité dans sa représentation de l’apocalypse ; apocalypse qui veut dire en grec Révélation, changement d’un état vers un autre. Pas d’annihilation, pas d’aliénation mais un message d’espoir à travers la chute.Il cite un chercheur bordelais, Jean-Paul Engélibert pour résumer les significations de ses œuvres : « Pour tenter de conjurer l’apocalypse, il faut figurer et ainsi rouvrir le temps [1] ». Il puise également des références dans la Pop Culture en faisant en évoquant à System of a Down, en particulier la chanson Chop suey dont un passage fait écho à l’une de ses dernières pièces « I cry when angels deserve to die », je pleure quand les anges méritent de mourir.
Pour qualifier son art, Il préfère évoquer l’onirisme, la magie ou encore l’alchimie. Hugo Durante reste attaché aux espaces mystiques dans la création de ses œuvres. Et je pense que c’est courageux de sa part – surtout dans ce monde artistique très politisé en France. Il s’ouvre aussi aux autres mythologies dont la celtique, la scandinave, l’égyptienne et l’orientale. Enfin, on note dans ses travaux une dimension science-fictionnelle surtout dans les formes.
Ayant grandi à Tulle en Corrèze, il affectionne son patrimoine, son histoire, ses châteaux et ses légendes médiévales. Il aime aussi notre héritage gastronomique. En guise de clin d’œil, il a réalisé plusieurs petits barbecues en forme de canards. La faune et la flore prennent de nombreuses formes dans ses créations, en particulier les plantes carnivores et les serpents ; ces derniers sont le symbole d’une nouvelle vie. Pas étonnant alors qu’il aime se promener dans le jardin botanique et grâce à notre amour pour notre environnement et les chiens, nous avons pu échanger sur l’art et la culture.
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[1] Jean-Paul Engélibert, Fabuler la fin du monde. La puissance critique des fictions d’apocalypse. Édition : La Découverte.
Hugo Durante est lauréat du Salon de Montrouge (2021) et finaliste du Prix MAIF pour la sculpture (2018).
Instagram : @segondurante
Photo couverture : ©Barbara Fecchio
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