Blanche Gardin ovationnée et récompensée dit :
« Nous (les femmes) ce qu’on veut c’est lui chier dans le cœur tous les matins sans qu’il se rebelle, c’est ça qu’on veut ».

La guerre ! Si les femmes se comportent odieusement comme les hommes se sont comportés, où est le changement de société, on change de dictateur, voilà tout ! Le Dictateur ne vit que de ceux qui l’acclament !
Non à la collaboration ! Résistance, camarades !

Hédonisme

 

Je la caresse et force ma concentration, elle a cédé après une longue lutte de séduction ! Je ne bande pas !

Valmont en panne devant les fesses de Cécile et tout le roman s‘écroule.

Habillée je l’imaginais nue à conquérir ; enfin nue et offerte : elle se décomposa en H2O, trois molécules de gaz, transparente, sans odeur et sans saveur ! De l’eau ! De fumée et d’alcool walou ! Mon muscle ne manifeste rien, le corps caverneux est mort.

Sa peau est mièvre, le sexe est ravissant, bien dessiné, mais plat, sans parfum, les seins sont gracieux mais n’implorent pas, ne supplient pas, ne provoquent pas.
Je vois Catherine Deneuve chez Luis Bunuel, «Belle de jour» et de marbre.

La chambre est stérile, clinique, nous sommes deux, nus, pourtant il n’y a personne.

Je ne transpire pas le rut, elle ne m’inspire ni convoitise, ni désir.
Testostérone et phéromone font relâche, c’est moche.

Nus comme dans les vestiaires aseptisés d’une piscine municipale, en silence, elle sort deux bières du frigo, dans la cuisine on cause comme deux colocataires, elle sort un scrabble, je remets mon tee-shirt, le paillage de la chaise s’imprime sur mes fesses et mes cuisses nues.

Le « commun » confond luxure et paillardise, la lubricité requiert délicatesse et subtilité, simultanément et en harmonie, une symphonie, une simple sonate sera tolérée.

La Débauche s’accompagne d’un métronome suisse scandant le rythme, minutieux sur la progression du désir, voire maniaque au point d’abandonner en plein galop si une fatidique dissonance s’insinue tout l’orchestre s’arrête, on doit reprendre trois mesures plus haut ! On peut vite devenir irritable à cause d’un mauvais râle ou sur une faute de muqueuse, dans la luxure si on ne connaît pas sur le bout des doigts et de la langue sa grammaire et sa syntaxe, son solfège et ses harmonies, ses fragrances et ses arômes : c’est le naufrage… si vous toussez gras c’est un séisme.

La paillardise et le porno sont le Mac Do du sexe et de ses adeptes, tous des saligauds et des mégères qui salissent l’Art du Plaisir si fragile, manufacturé délicatement d’apprentissages et de compétences, ils bafouent l’évangile du stupre et de la fornication.

Hérétiques ! Mécréants !

« Noire béance, 
sous le voile à peine clos,
cette touffe de noir Jésus,
qui ruisselle dans son berceau !
C’est extra ! »

Baudrillard et Ferré s’y entendent :

C’est le Cul qui m’a ouvert les portes de la Cuisine et dans ce domaine la conséquence des fautes d’harmonie est vite une calamité, voire une tragédie.

Afin d’atteindre l’orgasme gustatif, la désinvolture et la nonchalance sont bannis à table comme au lit. Le partage à table vise le sublime et oblige le « lourdaud » à quitter la cuisine (et la chambre) immédiatement. Dehors !

Le Chef exige l’absolue discipline, de la résistance physique, la connaissance des denrées, des dosages, de l’assaisonnement, des températures, de l’esthétique, de l’équilibre entre acidité et sucré, de discerner le croquant du tendre, la peau de la chair, respecter le timing, le tempo du service, dans un tourbillon d’ordres à la brigade, sous la pression de la salle.

Un restaurant complet est une zone de guerre, les non-initiés y voient un ballet, erreur, c’est un conflit entre les postes dans la brigade et entre la cuisine et la salle, opposés et complémentaires ils s’obligent à s’harmoniser pour transformer les produits bruts jusqu’au palais d’un inconnu à faire bander.

L’Esprit connaît aussi sa libido, gourmandises et délices intellectuels.

L’auteur assis dans le noir de la salle de spectacle écoute les acteurs dire son écriture qui résonnait jusqu’alors en silence dans sa tête.

Denis Roche a écouté son texte de « Louve Basse » que nous répétions en Avignon, nu sous la douche dans une loge à proximité de la scène… l’érection s’est produite, sa satisfaction était bien visible ! Il venait de jouir !

Dans les organisations criminelles comme la Cosa Nostra Sicilienne, la Gomorra Napolitaine ou la Mafia Corse, le jeune homme débutant est fougueux, il tire, pille et égorge, il veut voir du sang, c’est la couleur de sa puissance toute nouvelle, c’est le sale tueur.

Le plaisir du « capo » prenant du poids dans l’organisation est plus cérébral, il se délecte avec « sang froid » et discernement de l’afflux d’adrénaline au moment de presser sur la détente et enfin apparait l’excitante couleur du « sang chaud », c’est le bon tueur.

« Puis-je, (écrit Camus dans « Noces »), me donner le ridicule de dire que je n’aime pas la façon dont Gide exalte le corps ? Il lui demande de retenir son désir pour le rendre plus aigu. Ainsi se rapproche-t-il de ceux que dans l’argot des maisons publiques on appelle les compliqués ou les cérébraux (…) “Mon camarade” Vincent, qui est tonnelier et champion de brasse junior (…) boit quand il a soif ; « s’il désire une femme », cherche à coucher avec, et « l’épouserait” s’il l’aimait (…). Ensuite, il dit toujours :”ça va mieux », ce qui résume avec vigueur l’apologie qu’on pourrait faire de la satiété ».

 

Autant j’estime l’écriture d’André Gide, autant j’exècre son « attirance » abjecte pour les très jeunes tunisiens, je sais que cette prostitution existe toujours dans tout le Maghreb. En primaire j’étais assis sur le même banc que ces petits arabes qui chantaient en chœur les tables de multiplications en français, en Tunisie puis en Algérie, je vois encore leurs visages.

Camus, un ancrage en bloc de béton plongé au fond de la Méditerranée. Il est né à 73 kms de mon lieu de naissance, 38 années plus tôt. Je ne le connais même pas de nom quand un exposé m’impose faire connaissance. C’est la déchirure d’un voile opaque comme un hymen soudain craqué à la fin de l’adolescence, mon cerveau devient fluide, je reçois des signaux de route, des balises, des phares, je prends la mer, j’ai enfin une carte, un sextant, le « grand tout » prend son sens. Pour franchir le mur entre l’adolescence et l’âge adulte, un livre suffit parfois.

La luxure devient pornographie quand des ignares s’en emparent.
L’art dramatique est obscène quand les imposteurs usurpent la scène.
La cuisine est une insulte quand les charlatans tambouillent.





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Jack Castaldo

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New York, été 2005

June 7, 2022