La soirée est organisée par un professeur qu’ils connaissaient tous les deux. Quand on les présente, ils parlent pendant une quinzaine de minutes de leurs projets professionnels, de leurs origines et de leur goût pour la musique classique. Ils s’échangent leur carte de visite. Trois jours plus tard, Alessandro reçoit un coût de fil d’Emma. Elle lui demande s’il peut lui traduire un petit article en italien, ce qu’il fait quelques jours plus tard. Il refuse catégoriquement qu’elle le paie. Touchée, elle l’invite à un concert de musique classique donné au National Theatre. Puis elle insiste pour qu’ils aillent au restaurant et qu’il découvre la gastronomie taïwanaise qui lui est alors inconnue.

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Vers la mi-janvier, elle le contacte par email et lui demande s’il peut à nouveau lui faire une version italienne d’un article un peu plus long de 2 pages, ce qu’il fait poliment ne sachant lui dire non. Il repousse encore toute proposition monnayable.

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En contrepartie, elle lui demande qu’il se joigne à un déjeuner informel qu’elle organise chez elle avec des amis la semaine suivante.Quand il sonne à la porte d’un bel appartement à South Kensington, il est surpris de voir une domestique l’accueillir. Arrivé dans la salle à manger, Emma le reçoit cordialement et le présente à quatre autres invités, une violoniste flamande d’Anvers, un écrivain britannique, un professeur canadien de l’Université d’Oxford et un marchand d’art américain. L’ambiance n’est pas la plus chaleureuse mais elle reste polie. Ils discutent de voyages et de cultures tout en faisant bien attention de ne pas se montrer trop savants ni d’aborder des sujets trop personnels. Alessandro est étonné de voir deux autres domestiques, une Indonésienne et une Philippine faire le service. Emma fait sans doute partie de cette élite londonienne qui n’a fait que s’enrichir grâce à l’attrait financier de la City.

À la fin de ce long déjeuner quelque peu ennuyeux, Alessandro profite de la première occasion pour s’en aller. Une fois dans le couloir de l’immeuble, la petite indonésienne court après lui :Monsieur Alessandro, attendez.Il s’arrête et se retourne vers elle.Ubu Emma a oublié de vous remettre cette enveloppe.Elle la lui tend avec les deux mains à la façon asiatique.Merci Mademoiselle. Alessandro attend d’être dans le métro avant de l’ouvrir. Une fois assis dans une rame de la Piccadilly Line, il défait l’enveloppe et y trouve une magnifique carte japonaise peinte à la main. À L’intérieur de la celle-ci, il y a un mot : « Merci vraiment du fond du cœur pour les deux traductions. En guise de remerciement, cette réservation pour un voyage à San Francisco. Emma ».

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On frappe à la porte. Il entend un serveur apporter le petit déjeuner. Emma le remercie et vient vers Alessandro. Elle l’embrasse délicatement sur le front.Alex, le petit déjeuner est prêt.Il ouvre les yeux. Elle est là devant lui dans un peignoir de l’hôtel.Quelle heure est-il ? Tu es magnifique dans ce peignoir blanc. Tu te lèves mon chéri ?Il se redresse, la saisit et lui enlève sa robe de chambre.Tu es encore bien plus belle nue. Le petit déjeuner peut attendre. Et bien pour un homme qui se dit asexuel, tu me sembles bien excité…C’est toi seule qui produit cet effet mon trésor.Ils font à nouveau l’amour. Ils se lèvent trente minutes plus tard pour prendre le petit déjeuner. Alessandro lui tend le petit panier de viennoiseries de sa main gauche et étrangement Emma refuse et se met à rire en regardant le bras d’Alex.Ça va ma chérie ?Oui, je pensais juste à la confusion avec la réservation. Finalement, je devrais remercier Sharon, mon assistante… Sers-moi du café, s’il te plaît.Alessandro prend une tasse et la remplit de café.Avec du lait ?Non merci. Je le préfère noir.Emma dirige à nouveau son regard sur le bras gauche d’Alex. Elle prend quelques gorgées de café.Silence.Elle regarde Alessandro dans les yeux. Elle lui lance un sourire puis entame la conversation.Il est magnifique ce bracelet.Surpris, Alex a oublié qu’il portait ce bijou trouvé dans la rue.Ah, oui. Merci.Tu l’as depuis longtemps ? C’est drôle, je ne l’avais jamais remarqué. Je le porte uniquement pour des occasions spéciales. Il la regarde droit dans les yeux et lui prend la mainEt je crois que depuis hier soir, je vais le porter en permanence, car tu m’es très chère. Serait-ce déjà une déclaration ? demande-t-elle.Pour réponse, il lui fait un clin d’œil.

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Emma & Alessandro à San Francisco ©form-idea.com | Credit: Robinsong Collective & Stenly Graphics

Avant de se laver, il dépose son bracelet près du rebord de la vasque de la salle de bains. Il rentre sous la douche et profite de ce jet puissant d’eau chaude. Il a l’impression de se purifier, d’enlever toute l’énergie dont son corps et son esprit n’ont pas besoin. Un doute le gagne. Que fait-il vraiment ici dans cette chambre d’hôtel ? Désire-t-il vraiment cette femme qui lui est encore si mystérieuse ? Cette rencontre ne lui semble pas naturelle… Il y a quelque chose qui cloche… Il ne peut expliquer leur aventure de façon rationnelle. Pourquoi se retrouve-t-il à San Francisco, loin de son monde universitaire londonien ?Il sort de la douche mal à l’aise, il se sèche, s’essuie les cheveux, se lave les dents et se passe du déodorant sous les aisselles. Il est prêt à sortir de la salle de bains et remarque le bracelet. Il hésite puis le remet à son poignet gauche.

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La matinée, ils se promènent tous les deux en amoureux, main dans la main dans le centre-ville. Emma l’emmène dans les rues impressionnantes de Russian Hill. Ensuite, ils prennent un taxi afin de descendre la fameuse rue en zigzag de Lombard Street. Ils déjeunent sur les quais de Fisherman’s Warf où des colonies de lions de mer se sont installés depuis le grand tremblement de terre de 1989. On place le couple à la fenêtre d’un restaurant où ils commandent une bouteille de rosé californien. Ils se regardent, se sourient mais ne se disent rien pendant quelques minutes.

Alex rompt le silence :Quelle belle ville ! C’est vraiment superbe ! Je ne m’attendais pas à une si jolie métropole aux dimensions humaines aux États-Unis. Comme quoi Alex, la vie nous réserve des surprises qu’on n’imaginait pas.Et regarde cette baie, le Golden Gate au loin, l’île d’Alcatraz en face, ces montagnes de l’autre côté et ce brouillard tout au fond, c’est tout simplement magique. Cette beauté est devenue un luxe malheureusement. Le coût de la vie est terriblement cher à San Francisco depuis quelques années. Ce qui explique tous ces sans-abris, n’est-ce pas ?Et oui. C’est aussi une ville de gauche, ce qui explique leur présence, notamment grâce aux aides sociales.Il lui prend la main.Mon trésor, ne gâchons pas cette belle journée romantique. Profitons égoïstement. Nous le méritons.Elle est quelque peu étonnée par sa réflexion. Elle retire sa main doucement.Tu sembles un peu différent depuis hier soir. Tu trouves ? Oui, un peu, j’ai dit. Dis m’en plus.Le beau jeune homme timide s’est transformé en mâle affectueux mais sûr de lui… tel qu’un damoiseau qui n’est plus puceau. C’est toi ma chère Emma qui me donne confiance en moi, ton énergie, ton parfum, tes baisers… Tu m’as envoûté. Emma baisse la tête mais lève sa paupière droite pour lui lancer un regard.Depuis hier soir, tu trouves à chaque fois les mots justes pour me faire rougir…Silence. Il lui reprend la main et la serre.Et si on regardait le menu, lance-t-elle.Tu as envie de quoi ?D’huîtres puisque j’ai la plus belle perle en face de moi. Allez, prends-en. On dit qu’elles sont aphrodisiaques. Moi, je vais prendre une salade grecque.Tu ne manges pas d’huîtres ?Non, je suis végétarienne. Tu ne l’avais pas remarqué ? Elle commande un grand plateau d’huîtres californiennes et une salade.

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Après le déjeuner, ils rentrent à l’hôtel où ils font l’amour. Le désir se fait encore plus intense comme si une folle passion avait pris possession de leurs corps. Alors, Emma entame une conversation.Cet après-midi, je dois voir une amie qui est avocate ici à San Francisco. Il est probable que je reviendrai tard ce soir.Je peux t’accompagner si tu veux. Non, ce n’est pas la peine mon chéri. Tu as journée libre.– Ok.Tu devrais visiter les quartiers de Haight Ashbury avec ses fameuses maisons victoriennes colorées que tous les touristes adorent prendre en photo, de Castro, connu pour la révolution sexuelle et de Mission pour son ambiance latine, ainsi tu découvriras la ville durant ce court séjour.

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Alessandro va donc à la découverte des quartiers que lui a conseillés sa maîtresse. Il prend un vieux streetcar qui appartenait avant à la ville de Milan autrefois, sa ville natale. Une fois assis, il observe les rues. Il est vraiment tombé amoureux de ce bout du coin du monde ; il s’y sent léger, comme s’il profitait du présent et qu’il faisait abstraction du passé et des préoccupations du futur.Le tram s’arrête et là, il remarque la même silhouette à la cape et capuche noires descendre de la voiture. Comment se fait-il qu’il ne l’ait pas remarquée ? Il a l’impression que cette créature n’appartient pas à ce monde terrien. Il ne peut voir son visage mais entend encore ses pas lourds au bruit métallique. Il décide de le suivre, mais le tramway redémarre avant qu’il atteigne la porte de sortie. Il essaie en vain de percevoir la tête de l’homme car il suppose qu’il s’agit d’un homme. Il descendra au prochain arrêt sur Market Street.

Credit: Robinsong Collective & Stenly Graphics

Il marche à grands pas en direction de la mystérieuse créature qui est en haut de la colline. Il la voit tourner à droite. Sa curiosité le pousse à accélérer et lorsqu’il prend son virage, ne regardant pas le sol, son pied gauche butte contre une brique qui traînait sur son chemin et l’entraîne dans une chute. Il fait tout pour se rattraper. Dans sa perte d’équilibre, il essaie de s’agripper sur le sac de courses que porte un type, venant en face de lui. Il l’arrache et grâce à ce geste, il amortit sa chute. Il essaie de se relever mais sa cheville lui fait très mal. Il constate que son polo et son bermuda sont tachés par les œufs qui se trouvaient dans le sac écrasé sous son poids. Il lève la tête et croise le regard stupéfait de l’homme propriétaire de la poche.

– Vraiment désolé. Toutes mes excuses. Ça va ? Vous pouvez vous relever ?Non, pourriez-vous m’aider ? Il lui tend sa main pour le relever. Alessandro boîte.Vous vous êtes taché et vous avez dû vous fouler la cheville. Je suis terriblement désolé.Vous n’êtes pas d’ici ? Vous venez d’Europe ? D’où ?De Milan mais j’habite à Londres. Ah, voilà d’où vient ce bel accent. J’adore l’Europe. Moi, j’adore San Francisco, du moins j’adorais jusqu’à cet accident…Je suis docteur. Je vais vous aider à marcher. Appuyez-vous contre mon épaule. J’habite juste à côté. Vous ne pouvez pas rester comme ça. Il faut que votre cheville se repose.Non, je ne veux pas vous embêter. J’ai déjà écrasé votre sac de courses.Maintenez-vous contre cet arbre. Je vais ramasser le reste de mes courses. Je comptais faire une omelette de toute façon.Elle est sur moi, j’en ai peur.Au fait, moi, c’est Gary et vous ?

Les deux se dirigent vers une belle maison victorienne bleue transformée en plusieurs appartements sur Noe Street où demeure Gary. Le logement de l’Américain est au premier étage. À l’intérieur, la décoration est à la fois sobre et élégante, les pièces sont lumineuses. Les murs du salon sont blancs et le plus grand est de couleur gris foncé. Quelques grands tableaux abstraits sont accrochés. Ces peintures représentent des formes humaines assez floues. On pourrait même penser qu’il s’agit de fantômes ou d’âmes. Gary est apparemment un amateur d’art. Il n’est pas très grand, disons environ 1m72 et a des traits singuliers. Alessandro n’arrive pas à le définir. Il doit être métissé certainement. Il a la peau foncée, de belles lèvres régulières, légèrement pulpeuses, un nez droit mais quelque peu aplati et les yeux légèrement bridés. Gary va dans sa chambre et revient avec des vêtements.Voici un survêtement. Changez-vous, je vais laver vos habits. Cela ne prendra pas plus d’une heure trente le temps de faire une lessive et de les séchez au sèche-linge.C’est vraiment sympa.Pas de soucis.Vous êtes de quelle origine ? Simple curiosité…Mon père est afro-américain et était officier dans la marine, ma mère japonaise. Ils se sont rencontrés lorsque mon vieux était en poste à Okinawa. Ma mère est tombée enceinte, donc ils se sont mariés. Elle l’a suivi lorsqu’il a été muté à San Francisco. Vous parlez japonais ?Oui, couramment mais j’ai plus de difficulté à l’écrire par contre. Ma mère n’aimait pas retourner au Japon car le fait qu’elle se soit mariée avec un étranger, et qui plus est noir, était mal perçu dans son milieu familial. Je veux bien le croire. Je sais que les Japonais qui ont émigré au Brésil et qui ont essayé de revenir dans la mère patrie ont souffert de discrimination.C’est vrai ! Mais les Américains ne sont pas mieux. Les parents des amies d’origine japonaise de ma mère ici à San Francisco ont tous été internés dans des camps de concentration avec leurs enfants pendant la guerre. Par contre, les Américains d’origine allemande ou italienne ne l’ont pas été. Pure discrimination raciale… Quand on y pense, vaudrait-il mieux de ne pas se reproduire ? Ainsi on éviterait aux enfants de découvrir l’horreur du monde des adultes. Alessandro fait une grimace à cause d’une douleur soudaine à sa cheville.Vous avez mal ? Changez-vous et je vais regarder votre pied.

Alessandro se change et lui confie ses vêtements tachés. Gary les met tout de suite au lavage. Ensuite, il s’approche de la jambe de l’Italien et regarde sa cheville gauche.Vous vous êtes foulé la cheville. Je vais mettre une crème pour soulager la douleur et un bandage. La douleur va durer quelques jours.Vraiment pas de chance…Gary s’absente quelques minutes et revient avec les soins. Il retrousse les manches de sa chemise blanche. Et c’est à ce moment qu’Alessandro se rend compte d’une chose incroyable : le docteur porte exactement le même bracelet que celui qu’il a trouvé à Chinatown.Vous avez un super beau bracelet ?Ah oui, merci. Où l’avez-vous acheté ? Simple curiosité…– Allez, on se tutoie ! Tu me sembles bien curieux… lui répond-il avec un sourire.Ma qualité de chercheur universitaire…Et bien figure-toi que je l’ai trouvé parterre il y a un peu plus de deux ans.Ah bon? Dans ce quartier ?Non, à Chinatown. Et pour te dire la vérité, c’est devenu mon porte-bonheur. Tout me réussit depuis que je l’ai.– Incroyable ! s’étonne Alex, écarquillant grands les yeux.Je dirais même magique.Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais j’ai exactement le même bracelet.Ah bon ? Et où l’as-tu acheté ?Alessandro baisse le regard.À Venise. Donc le mien appartiendrait peut-être à un italien.Peut-être… ou pas… En fait, il s’agit d’un cadeau.Il te porte chance du moins ?Je ne me suis jamais vraiment posé la question, mais j’aime bien.Silence. Les deux se regardent dans les yeux.Tu veux un café ? demande Gary.Oui, merci. C’est très gentil.You’re welcome !

Les deux prennent un café et discutent de leurs occupations pendant une trentaine de minutes. Entre temps, Gary met le bermuda et le polo d’Alessandro dans le sèche-linge.Une fois les vêtements secs, Alessandro se change et remercie Gary pour tout ce qu’il a fait. Mais en partant, il ressent une douleur aigüe à la jambe. Gary lui demande de s’allonger sur le sofa et commence à lui masser le tendon d’Achille et son long péronier. Les mains de Gary soulagent la douleur et Alessandro ferme les yeux. Les mains du docteur montent jusqu’au bas de ses cuisses.Je vais te faire un massage car ton corps est très tendu. Déshabille-toi. Je vais te donner une serviette. Alessandro obéit. Il se dévêt complétement et met la serviette autour de sa taille. Il remarque qu’un pentacle est cousu sur le drap de bains. Il s’allonge sur le ventre sur la table de massage que Gary vient d’installer.J’adore donner les massages donc ferme les yeux et détends-toi. Dans de nombreuses cultures asiatiques, les massages font partie du quotidien. Notre corps à besoin du tactile pour atteindre l’équilibre énergétique.Dois-je enlever mon bracelet ?Non, garde-le ! Moi, je ne le quitte plus jamais… même quand je prends une douche. J’ai trop peur que la bonne fortune me quitte si je l’enlève.

Alessandro & Gary à San Francisco ©form-idea.com | Credit: Robinsong Collective & Stenly Graphics

Gary commence son massage taoïste et s’attarde à toutes les parties du corps. Lorsqu’il lui demande de se mettre sur le dos, il recommence par les jambes, les pieds, ensuite les épaules, les bras, les mains, les doigts, les pectoraux et le ventre. Quand il masse le bas du ventre, Alessandro a une érection. Il ouvre les yeux et se sent un peu gêné.Pas de souci. Pas de honte. Ferme les yeux. C’est entièrement normal de réagir ainsi. Ça se passe toujours même avec les plus hétéros ou les plus machos. On n’y peut rien. Le bas du ventre est un point énergique qui est relié aux organes génitaux. On libère l’énergie dont on a plus besoin. Et cinq minutes plus tard, le ‘happy ending’ se produit, Alessandro lâchant un spasme. Il se sent à la fois super léger et quelque peu confus. Gary essuie son ventre. En se levant, l’italien ne ressent plus aucune douleur à sa cheville, comme si un miracle avait eu lieu.Il se rhabille et avant de sortir, l’Américain lui donne sa carte de visite.Appelle-moi quand tu veux. Tu seras toujours le bienvenu ici.Je repars à Londres dans deux jours. Mais je t’enverrai un email avec mes coordonnées.En sortant, Garry l’interpelle.Alessandro, n’oublie pas de conserver toujours sur toi ton bracelet.Pourquoi ?Tu te rendras compte bientôt du pourquoi… Quand Alessandro arrive en bas de l’édifice, Gary lui crie :On se reverra !La journée passe ensuite très vite. Il photographie les fameuses maisons victorieuses de Haight Ashbury au cas où Emma le lui demanderait.

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Au retour, Alessandro invente une histoire à Emma. Celle-ci le trouve léger, heureux, aimant et sûr de lui. Elle doit mettre probablement ce changement de caractère sur son compte : un homme amoureux d’une femme plus âgée prend son envol dans la société. C’est ce qui est arrivé à Bonaparte, n’est-ce pas ? Mais pour Alex, c’est la rencontre avec Gary qui lui donne l’impression d’avoir des ailes et d’être invincible.Les deux derniers jours défilent très vite. Ils sortent au restaurant, midi et soir et assistent à des événements mondains. Parfois, il leur arrive de marcher main dans la main notamment dans les rues de Japantown et dans le parc Presidio, avec ses grands monuments à l’architecture gréco-romaine de la Belle Époque, ils ont résisté par miracle aux tremblements de terre de 1906 et de 1989.Le jour du départ, Alex perd son téléphone. Il le cherche partout et ne le trouve pas. Il ne comprend pas car il est sûr de l’avoir posé sur la table de nuit. Emma descend à la réception pour s’informer et remonte avec le portable.Un client l’a trouvé dans le hall d’entrée et l’a rapporté à l’accueil.– Ouf, je suis content de le récupérer.– Oui, je comprends.Alessandro vérifie son téléphone et il s’aperçoit qu’on l’a bizarrement rechargé alors qu’il ne lui restait plus que 40% de batterie. Il oublie très vite cette étrangeté lorsqu’Emma lui apprend que leur vol est annulé à cause d’un problème technique de l’appareil. Ils se rendent quand même à l’aéroport. Emma a vraiment besoin d’être de retour à Londres et fait pression au comptoir de la compagnie pour qu’on leur trouve un autre vol. Le jeune homme au comptoir tremblant face à une avocate impitoyable, comme peut se révéler parfois Emma, leur trouve un vol partant deux heures plus tard avec une correspondance à Détroit.

Arrivés à Heathrow avec six heures de retard, Emma consulte son cellulaire et écoute les messages de sa boîte vocale. Elle paraît confuse et demande à Alessandro de s’éloigner.Pourquoi ? Mon mari m’attend à la sortie. Ben, je croyais que tu étais divorcée ? Tu m’as menti alors ? Pas vraiment. J’ai anticipé. Disons que je suis en instance de divorce. C’est le résultat qui compte.Et pourquoi ton mari est là alors ?A cause de l’annulation du vol. Il a appelé la compagnie et aurait appris que ma réservation était à nos deux noms. Il veut me rendre un service parait-il en venant me chercher.On se voit quand ?Je t’appelle bientôt.

Alex attend seul dans le hall avant de s’en aller. En sortant, il aperçoit au fond Emma avec un homme grand et brun, d’une quarantaine d’années environ. Il porte des lunettes rondes de couleur noire. Il semble à la fois sophistiqué et distant, britannique sans aucun doute. Emma lui sourit et semble polie avec lui, elle ne montre aucune gêne. Il ne comprend pas ce qui se passe chez cette femme. Elle reste insaisissable et si mystérieuse.Après un long voyage dans le confort en Business Class, Alessandro prend le métro, la Piccadilly line, lui qui comptait rentrer dans le centre de Londres en taxi avec sa maîtresse ! Il replonge dans sa réalité et retourne en banlieue où il partage une maisonnette avec quatre autres colocataires.

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