Twitter et Donald Trump

 

La suspension de Donald Trump sur les réseaux sociaux : une censure ou une juste mesure?

Auteur: Charles Chardonnet

Depuis l’envahissement du capitole à Washington par les sympathisants de Donald Trump mercredi 6 janvier, les comptes Facebook et Instagram du président des États-Unis sont suspendus au moins pour deux semaines, quant à son compte Twitter, il est indéfiniment bloqué. La réaction de certains politiciens français est pourtant surprenante face à cette décision. Certaines figures de l’extrême droite - les Le Pen, Robert Ménard ou Gilbert Collard - ainsi que celles de l’extrême gauche comme les insoumis Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, ont exprimé leur inquiétude concernant la liberté d’expression tout en précisant leur désaccord avec les agissements de Donald Trump. Certains y voit une censure du président américain et dénoncent une domination de la « bien pensance » et l’ascendance des grands patrons de la Silicon Valley sur le politique.

Ces arguments ne tiennent pas car on ne parle pas ici de censure mais de modération sur les publications. Comme toute personne agissant sur les réseaux sociaux, Donald Trump est soumis aux mêmes règles que le citoyen lambda. Il est donc puni à juste mesure pour les propos haineux et complotistes qu’il a pu tenir depuis sa défaite aux élections présidentielles du 3 novembre 2020 (et même bien avant...). Il est vrai que les réseaux sociaux restent un nid de haine et de théories complotistes avec ou sans le compte de Donald J. Trump, mais la stature présidentielle de ce dernier n’a fait que renforcer sa visibilité et son influence, augmentant ainsi la polémique et le risque d’une modération médiatisée.

Que nos politiciens français se rassurent, même sans Twitter ou Facebook, Trump reste toujours le Président des États-Unis et il peut encore exercer ce pouvoir jusqu’au 20 janvier sans l’ingérence des réseaux sociaux. Certes, Twitter peut l’empêcher de cliquer sur un « like » d’un post mais Twitter ne pourra jamais l’empêcher d’appuyer sur le bouton nucléaire. Quant à l’inquiétude pour la liberté d’expression, cette suspension la défend tout au contraire : s’autoproclamer président-élu sur les réseaux sociaux à la suite d’une défaite électorale démocratique, inciter ses partisans à manifester avec force contre les institutions du pays et déclarer « nous vous aimons » aux insurgés qui viennent d’assaillir le congrès américain, temple de la démocratie occidentale, constituent non seulement une menace contre le bon fonctionnement de la démocratie américaine mais aussi un acte de rébellion et de trahison.

Par ailleurs, Twitter et Facebook ne sont-elles pas des plateformes privées libres d’établir leurs propres règles d’utilisation sans l’ingérence d’un exécutif étatique tout puissant ?  A ce que je sache, elles ne possèdent pas de monopoles. Si on en est mécontents, il existe d’autres plateformes moins populaires.

Défendre les tweets de Trump par le prisme de la liberté d’expression est regrettable et condamnable. Par ailleurs, la sanction de Twitter sera bientôt insignifiante par rapport aux risques pénaux qu’encourt Donald J. Trump.

Alors quel est l’intérêt pour ces personnalités politiques françaises de prendre « la défense » de ce président en déroute ? Se projetteraient-ils dans une situation de mainmise face à une défaite électorale, quitte à injurier, à menacer, à dénigrer et à empêcher violemment la victoire de leur opposant élu démocratiquement ? Ont-ils peur d’être à leur tour suspendus de leur parole par la puissance des réseaux sociaux au cas où leurs propos dépasseraient la raison, l’entendement ? Devrait-on plutôt tolérer une propagande d’infox au nom de la liberté d’expression ?

À l’approche des élections présidentielles en France de 2022, il est difficilement envisageable de retrouver un tel scénario politique dans notre pays. Cependant, les scènes qui se sont déroulées au capitole n’ont malheureusement pas heurté toute la population... Il n’est pas entièrement incohérent de faire un parallèle avec les scènes de destruction auxquelles nous avons pu assister à l'arc de Triomphe, ou avec la volonté d’une minorité de manifestants d’entrer à L’Élysée lors du mouvement des Gilets Jaunes. Ces agissements témoignent du danger que représente une foule en colère et plus encore si cette foule est soutenue, encouragée ou manipulée par un pouvoir exécutif n’acceptant plus l’alternance politique.

Form-idea.com France, le 15 janvier 2021. 

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