Aileen Philby avait des troubles psychologiques depuis son enfance. Lorsqu’elle était à Istanbul, elle s’automutilait fréquemment et tombait dans de profondes dépressions tout en sombrant dans l’alcoolisme. En 1948, lors d’une intoxication alcoolique, elle s’injecta de l’insuline en forte quantité, ce qui entraîna son hospitalisation. Elle fut envoyée dans une clinique en Suisse. A son retour en fin d’année, elle fut accidentellement brûlée avec un poêle à charbon et dut repartir en Suisse.

Les soupçons à Washington

La famille Philby arriva à Washington en septembre 1949 où Kim devint officiellement premier secrétaire d’ambassade. Officieusement, il était le représentant principal des services du renseignement britannique aux États-Unis. Il supervisait les communications classées « ultrasecrètes » entre Washington et Londres, ce qui lui permettait de transmettre à Moscou des informations capitales. Toutefois, à la suite d’une erreur d’un agent soviétique, des messages furent interceptés et plusieurs taupes tombèrent en 1951. Des agents doubles firent défection, dont des proches de Philby, ce qui mena à des suspicions sur ce dernier. Interrogé plusieurs fois par la CIA à Washington et par le MI6 à Londres, Philby finit par démissionner en juillet 1951. Il fut ne fut totalement blanchi qu’en 1955 par Foreign Office.

Journaliste au Liban pour The Economist et The Observer

Entre 1952 et 1955, Philby reprit son travail de journaliste et avait cessé de travailler pour les services secrets soviétiques, puisqu’il n’avait plus d’information à communiquer. En août 1956, il s’installa dans la maison de son père à Ajaltoun, non loin de Jounieh au Liban. Il était correspondant pour le Proche-Orient des journaux « The Economist » et « The Observer », ce qui lui servait de couverture pour reprendre du service pour les renseignements britanniques, alors qu’il commençait une nouvelle liaison avec Eleanor Brewer, une Américaine.

Sa femme Aileen fut découverte morte le 12 décembre 1957 dans leur maison de Crowborough en Angleterre. Des rumeurs circulèrent qu’elle en savait trop, mais le médecin-légiste conclut à une insuffisance cardiaque due à une infection respiratoire grippale. L’alcool et les médicaments ont certainement accéléré sa mort.

Kim Philby se remaria une année plus tard avec Eleanor Brewer à Londres, puis le couple s’établit à Beyrouth. Dès 1960, son travail de journaliste amena Kim Philby dans tout le Proche-Orient. Ainsi il voyagea en Arabie Saoudite, en Jordanie, au Koweït, au Yémen et en Egypte, tout en poursuivant ses activités pour le MI6.

En 1961, Ivan Klimov est nommé attaché à l’ambassade soviétique d’Helsinki. Le 15 décembre il prend le train en compagnie de sa femme et de sa fille pour Tornio, dans le nord de la Finlande.  Le village est sur la frontière et n’est séparé d’Haparanta en Suède, que par la rivière Torne. La famille réussit à s’exfiltrer avec l’aide de la CIA qui fait passer les Klimov à Stockholm avant de les emmener aux États-Unis.

Un agent des services secrets soviétiques vient de faire défection. En fait, il s’agit d’Anatoli Golitsyne qui sous couverture, était un responsable de la planification stratégique du KGB à Helsinki. Ses révélations permettront de démasquer plusieurs taupes au service de Moscou en Angleterre et en France et engendra un véritable vent de panique dans tout le réseau soviétique d’espionnage.

Philby ne fut pas clairement identifié comme agent soviétique, mais les soupçons de trahison devenaient suffisamment pesants pour que les services secrets britanniques l’interrogent. Pour ce faire, le meilleur ami de Philby, Nicholas Elliott, fut envoyé à Beyrouth. Une première rencontre eut lieu à mi-janvier. En quelques jours, Philby avoua partiellement, mais le 23 janvier il disparut.

Sa défection ne fit pas les grands titres en Grande-Bretagne. Peut-être valait-il mieux que la discrétion reste de mise afin de préserver certains intérêts. L’ambassadeur britannique à Beyrouth écrivait même au Foreign Office, qu’il supposait que Philby s’était absenté pour un séjour romantique. Le journal « The Observer » ne s’aperçut de son absence que six semaines plus tard.

Le 1er juillet 1963, les autorités soviétiques confirmaient officiellement la présence de Philby à Moscou et le 30, elles annonçaient lui avoir accordé l’asile politique et la citoyenneté soviétique. Sa femme Eleanor le rejoignit en 1964, mais entre-temps il avait commencé une liaison avec Melinda Maclean, l’épouse d’un autre agent double anglais. Le divorce des Philby fut prononcé en 1965 et Eleanor quitta définitivement Moscou. Trois ans plus tard, la belle Melinda retourna chez son mari et Kim Philby resta seul jusqu’en 1971 où il épousa Rufina Ivanovna Pukhova. Il avait 59 ans et elle 39.

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