Conclusion
On peut dire que les médias français et britanniques ont largement couvert les événements tragiques en Ukraine. Même si nombreux sont ceux qui sont tombés dans le piège de l’amalgame fait entre population russe et population russophone – amalgame voulu par la propagande russe afin de donner l’image d’un pays fragile en quête d’une identité nationale – les journaux britanniques et français sont restés dans l’ensemble plutôt neutres. L’Ukraine est dépeinte comme victime d’une agression russe qui a pour objectif d’endiguer l’avancée des valeurs occidentales et démocratiques dans l’ancienne Union Soviétique. Le mouvement Maidan est perçu à la fois comme un mouvement pro-européen et comme une révolte populaire contre le système oligarchique, ce qui laisse certains journalistes assez perplexes quant à la capacité et à la volonté politique des leaders de l’opposition de réformer le pays. Les journaux eurosceptiques se sont attardés longuement sur la présence des groupuscules et des nationalistes de l’ouest de l’Ukraine sur la place Maidan.
La couverture médiatique a été très forte pour cinq événements :
1) le refus du président Yunakovych de signer l’association économique avec l’Union Européenne.
2) le massacre sur la place Maidan et le renversement du régime en février 2014.
3) l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014.
4) la destruction de l’avion de ligne de la Malaysian Airlines en juillet 2014.
5) la victoire de Jamala à l’Eurovision.
Cependant, Le Brexit, le coup d’état raté en Turquie, la guerre en Syrie, l’élection de Donald Trump, l’incertitude au niveau des élections présidentielles françaises et la lassitude de public par rapport à l’Ukraine ont renvoyé le conflit au Donbass aux faits divers.
Dans l’ensemble, les médias de gauche ont été plus compréhensifs envers les Ukrainiens tandis que la presse de droite, plus eurosceptique et critique à l’égard de l’Islam, regrette que l’Occident ait sacrifié son partenariat avec la Russie, pays jugé indispensable dans la lutte contre les djihadistes. Cette presse serait plutôt favorable à la levée des sanctions qui nuisent à la finance britannique, à l’agriculture française et aux contrats juteux pour l’industrie de l’armement. Enfin, il existe en France, une sorte de lobby russe constitué d’intellectuels et d’hommes et de femmes politiques souverainistes qui vivent un certain romantisme par rapport aux relations franco-russes. Le Parisien y consacre un article intitulé « en France, les pro-russes se recrutent à gauche comme à droite ».
Néanmoins, l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et la possibilité d’un échec du Brexit constituent deux événements favorables à l’Ukraine.
form-idea.com Odessa, le 29 juin 2017.
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