FIN OCTOBRE 2019 – LONDRES
Alessandro a des rêves agités depuis plus de six mois. Il ne doute plus de faire partie des élus. Il poursuit sa carrière dans la multinationale anglo-italienne, grande exportatrice d’armements ; cette expérience lui sert à comprendre la situation terrestre et à préparer la transition.Il pense souvent à Emma. Les quelques jours passés avec elle à San Francisco l’ont profondément marqué. Cinq jours dans une vie peuvent se révéler plus longs que dix années de routine dans la mémoire, comme quoi le temps n’est point linéaire, c’est une illusion. Il se rappelle les moindres détails de son court séjour, des gens qu’il a croisés, des paysages, des rues qu’il a traversées, des odeurs, des parfums, des saveurs. Que c’est étrange !Il aurait sans doute fini par l’aimer si les choses s’étaient déroulées autrement. Qu’est-elle devenue ? Qui est-elle vraiment sous l’apparence de son corps ? A-t-elle eu des sentiments envers lui ? Ou bien a-t-il été un simple pion sur l’échiquier extraterrestre ? A chaque fois qu’elle apparaît dans ses rêves, il se réveille brutalement à cause d’un bruit dans son appartement ou dans la rue.
Après avoir conclu un gros contrat avec des oligarques militaires arméniens, il sort prendre l’air sur Trafalgar Square. Il décide d’aller s’acheter un sandwich au Prêt-à-manger sur le Strand. Et là, il croit voir Emma au loin. Il court vers elle.– Emma ?Elle tourne la tête et le regarde. Elle prend peur et s’enfuit. Il la poursuit et arrivé à sa hauteur, il la prend par le poignet.– Lâche-moi, s’il te plaît ?– Mais pourquoi tu me fuis ?– Ne me contacte plus.– Pourquoi ?Elle lui lance un regard noir.– Tu me demandes pourquoi ? Que tu peux être naïf ?– Comment ça ? – Tu as choisi le mauvais camp, mon pauvre.– J’ai choisi le vôtre, celui des extraterrestres.– Mais qu’est-ce que tu racontes ? Des extraterrestres ! Tu débloques mon pauvre… – Arrête de jouer la comédie, je sais bien qui tu es réellement.– Ah bon ?– Oui, tu m’as élu pour créer cette nouvelle race hybride.– Mais tu es devenu complètement taré, ce qui ne me surprend pas puisque que tu es devenu sectaire. Ton bracelet, je l’ai vu, figure-toi ! C’est le symbole des Fortuniens, une secte inconnue du grand public mais qui s’incruste dans le monde politique, militaire et mafioso. Je n’y ai pas fait cas au départ. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris, hélas bien après que je t’ai présenté au principal actionnaire de la société pour laquelle tu travailles. D’ailleurs, tu as peut-être participé à sa chute…– Quoi ?– Après tout, tu en as été le premier bénéficiaire. Tu es passé PDG, non ?– Ça me fait mal que tu puisses penser cela de moi. Je serai incapable de commettre un tel acte.– Tu vends bien des bombes, non ? – Mais c’est toi qui m’as orienté vers ce commerce ! – C’était pour tester tes convictions. C’est à partir de ce moment-là que je me suis rendu compte que tu ne serais pas un bon père. Tu t’es soumis à la force obscure, à celle qui prépare notre destruction planétaire. Je ne veux pas côtoyer de tels êtres abjects, égoïstes dont les seules valeurs qui comptent sont le pouvoir et la domination. – Qu’est-ce qui te fait croire cela ?– Avant toi, j’ai connu un bel Américain à San Francisco. J’étais totalement éprise de lui, jusqu’au jour où il a commencé à me parler d’êtres hybrides et d’une nouvelle ère pour la Terre. Malheureusement, je suis tombée enceinte de lui et depuis ce jour, il ne voulait plus faire l’amour.Elle a un bref rire nerveux.– Il préférait soulager ses désirs par des massages. Ce fut un coup dur pour moi. J’ai dû le quitter et changer d’identité pour qu’il ne me retrouve plus. Et tu ne sais pas ?– Quoi ?– Il portait le même bracelet que toi. – Gary ?– Comment as-tu pu vendre ton âme aux Fortuniens, cette force séditieuse et maléfique qui tient ses adeptes à l’aide d’un bracelet incassable fait d’or et d’argent et d’un alliage mystérieux. Je ne veux pas fréquenter de telles personnes. Je préfère rester avec mon mari conformiste, certes barbant mais au moins innocent. Il protège mes enfants de cette influence diabolique. Mon pauvre, tu es beau, cultivé mais si crédule. Tu as vendu ton âme pour le pouvoir de l’argent !Silence.– Dis-moi, si c’était réellement le cas, que pourrais-je faire pour me sortir de cette situation ?– C’est difficile. Cependant, je connais un prêtre anglican qui pratique l’exorcisme. Il pourrait sans doute te libérer en te déliant le poignet afin que tu puisses voir à nouveau la Lumière.Elle fouille dans son sac et sort une carte de visite avec les coordonnées de ce prêtre.– Tiens prends-la. Sache que je t’ai vraiment aimé. Emma court de toute ses forces et disparaît de la vue d’Alessandro, elle tourne sur Bedford Street et se dirige vers Covent Garden.
Seul au coin de la rue, Alessandro ne comprend plus rien. « Ça doit être un mauvais rêve » se dit-il. Il ne vit plus dans la réalité. Et pourtant, il est vrai que sa carrière a été fulgurante depuis le jour où il a trouvé ce bracelet. Quant à Gary, il est devenu son meilleur ami et meilleur soutien dans la vie. Il décide de l’appeler.– Hey Mate !– Salut Gary. Excuse-moi de te déranger à cette heure matinale.– Ne t’inquiète pas. Je me suis réveillé de bonne heure.– Tu es à San Francisco ?– Oui, pourquoi ?– Parce que la ligne est super claire, comme si tu étais à une rue d’où je suis.– Tout va bien à Londres ?– Oui, sauf un petit souci.– Lequel ?– J’ai rencontré Emma sur le Strand à l’instant.– Tu lui as parlé ?– Oui.– Pourquoi l’as-tu fait, man. Je t’ai dit qu’il ne fallait absolument pas les recontacter. T’es con ou quoi ? Tu n’as rien pigé ?– Elle m’a dit qu’elle te connaissait et que tu étais le gourou d’une secte satanique.– N’importe quoi ! Fais attention, elle va tout faire pour que tu disparaisses puisque tu viens d’outrepasser une des règles.– Mais, elle n’a pas tort quand elle dit que j’ai changé depuis le bracelet et ta rencontre. Silence au bout de la ligne.– Allô ? Tu es toujours là.Il entend une forte respiration au bout de la ligne.– Je t’ai protégé, c’est tout. Tu ne ferais peut-être plus partie de ce monde si je ne t’avais pas prévenu. Et regarde maintenant la vie que tu mènes : appart luxueux dans un quartier branché de Londres, un boulot facile, des voyages en Business, des repas dans les meilleurs restaurants, un super trainer personnel, un diététicien de renommée, le port de vêtements de marque, une coupe de cheveux de tonnerre et une indépendance totale. – Elle m’a dit qu’elle m’avait aimé…– Si elle t’avait vraiment aimé, elle serait toujours avec toi. Une femme ne fait pas de compromis avec l’amour surtout si elle est enceinte de toi. Ne te fais pas d’illusion, ton Emma n’est pas réelle, pas plus que la mienne. Laisse-les, ne te mélange plus avec les aliens et continue à profiter de la vie. Quand le terrain sera prêt pour eux, tu seras vieux et dégoûté de l’espèce humaine de toute façon. La mort te sera une délivrance dans 40 ans. Tu pourras briser alors le bracelet. Rappelle-toi qu’on n’a qu’une vie.– Tu ne crois pas à l’âme ?– Si les âmes existent, alors elles sont vraiment débiles puisqu’elles ne retiennent rien… entre la destruction de Carthage et la construction du Troisième Reich, elles n’ont fait que répéter les mêmes erreurs.– Pas faux !– Elle m’a demandé de me libérer du bracelet.– Elle te le conseille car elle a peur que tu compromettes leur grand dessein. Elle préfère que tu disparaisses, que tu précipites ta propre chute. Elle ne te fera jamais de mal directement, ne t’inquiète pas. – Mais pourquoi tu collabores avec eux ?– Parce qu’ils sont plus intelligents que nous, et comme élu, je veux profiter au maximum, de tout le luxe et pouvoir que cette collaboration peut m’apporter. Tu n’es pas heureux depuis que tu portes ce bracelet ?– Je pense l’être.– Tu vois, pourquoi doutes-tu alors ? Viens me voir à San Francisco pour charger tes batteries.– Je te contacte bientôt.
***
Alessandro décide de retourner chez lui à pied. Il longe l’avenue majestueuse de Whitehall sur laquelle donne le Downing Street, siège du gouvernement britannique. Il passe ensuite entre le magnifique parlement anglais et Westminster Abbaye. Il marche devant la statue de roi Richard Cœur de Lion, traverse le petit parc à l’Est du Palais de Westminster où est érigée l’impressionnante œuvre de Rodin, les Bourgeois de Calais. Il longe la Tamise et emprunte le Pont de Vauxhall, au bout duquel se trouve l’imposant bâtiment du MI6, les services secrets britanniques. Alessandro pense que si vraiment les extraterrestres nous observent depuis des générations, ils ont dû miser alors sur les Anglais, cette nation dominatrice et mercantile.Il cogite dans sa tête… Il se souvient bien de la créature ressemblant à l’Ange de la Mort qu’il a rencontrée deux fois dans les rues de San Francisco. En toute objectivité, elle était plutôt liée à la rencontre avec Gary… Que c’est bizarre, tout de même ! Et le pentacle sur la serviette de bains chez Gary. Cette image ne fait qu’augmenter son trouble. Était-il inversé ? Le pentacle inversé ne serait-il pas un symbole des sectes sataniques ? Il rentre chez lui, prend l’ascenseur et appuie sur le bouton 18. Il allume les lumières et contemple la Tamise où se reflètent les éclairages de la ville. Que c’est beau ! Il se dirige vers son frigo et en sort une bouteille de Castello de la Sala, vin blanc italien et s’en sert un grand verre. Il se remémore tout ce qui s’est passé depuis ce voyage à San Francisco… Deux heures plus tard, il s’aperçoit qu’il a presque fini toute la bouteille.Il va dans la salle de bains, se rince la bouche et prend une douche. Il se couche et se dit que la nuit porte de conseil.La nuit est longue, il dort mal. Il n’arrête pas de se réveiller. Puis vers 2h du matin, il est attaqué dans son sommeil par des petites ombres noires contre lesquelles il essaie de se défendre. Une d’entre elles lui mord le petit doigt de la main gauche, comme s’il s’agissait d’une morsure de chaton. Il se débat et se réveille avec une sensation d’avoir été mordu, d’ailleurs il porte une petite trace rouge sur son auriculaire gauche. Il est convaincu d’avoir eu affaire à des énergies occultes. Emma a dû lui dire la vérité.
Il reste éveillé toute la nuit. Il retourne dans sa chambre pour sortir la carte de visite que lui a laissée son ancienne maîtresse. Il revient vers le salon et se fait un café. Il regarde avec soulagement le lever de soleil sur la grande baie vitrée. Une fois assis, il tapote la carte sur la table basse. Il est impossible que le monde soit envahi et occupé par des extraterrestres. On le saurait sinon. Par contre, les humains parlent depuis la nuit des temps de ces deux forces énergétiques qui s’affrontent, l’une ne pouvant exister sans l’autre. Il repense à sa vie d’étudiant : certes, il n’était pas riche mais il était plus éveillé, plus vivant dans l’ignorance, dans cette vie du commun des mortels. Il reste assis sur son canapé en cuir blanc pendant une demi-heure. À 9h, il prend son téléphone portable et appelle le prêtre dont le nom est écrit sur la carte.– Bonjour, je m’appelle Alessandro Orsini et c’est mon amie Emma Hoffman qui m’a donné votre numéro.– Ah oui, ma chère Emma.– Je voudrais savoir si ce serait possible…Le prêtre l’interrompt :– J’attendais votre coup de fil.– Pouvez-vous m’aider ?– Bien sûr mon enfant.– Où puis-je vous retrouver ?– Venez à dix-huit heures ce soir à la petite église sur Heath Street. Vous descendez à la station Hampstead sur la Northern Line et à la sortie, vous tournez à gauche et vous remontez la rue, c’est à 7 minutes de marche environ sur votre droite. Vous ne pouvez pas la manquer. Je vous y attendrai.Quand il raccroche, Alessandro croit entendre un bruit de porte. Il se lève, regarde vers le couloir mais sa porte d’entrée est bien fermée à clef. Il s’enfonce dans le sofa, penche sa tête en arrière et ferme les yeux. Il s’endort aussitôt.
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Arrivé à Hampstead, il prend l’ascenseur de la vieille station et suit exactement les indications, tournant à gauche à la sortie. Il monte la rue de Heath Street, passe devant quelques terrasses de cafés et restaurants. Que c’est bizarre, il ne voit personne dans la rue. Il continue son chemin et regarde la vitrine d’une galerie d’art. Il contemple les tableaux quelque peu abstraits. Il s’agit de formes presque humaines, il ne sait pas si elles représentent des âmes ou des aliens. Il reste devant la vitrine quelques minutes, ne sachant plus quoi faire. Ses dessins lui rappellent quelque chose sans exactement savoir quoi… Il se juge anéanti.
Il atteint le porche d’une petite église. Il y entre et un homme grisonnant, à la barbe blanche le salue. Son apparence le rassure, il semble sympathique et chaleureux.– Alessandro, l’ami d’Emma, c’est bien vous ?– Vous êtes le Père Jones.– Oui, pour vous servir. Venez, entrez dans cette pièce.Ils entrent dans la grande pièce éclairée par de hautes fenêtres.– Pour vous rassurer, le procédé n’a rien à voir avec les films d’horreur d’Hollywood. Il s’agit d’une méthodologie plus douce et moins effrayante.– Vous me rassurez.– Allongez-vous sur cette table jeune homme et veuillez retrousser la manche où vous portez le bracelet. Father Jones allume un lecteur de CD.– C’est la musique des Anges. Elle va vous accompagner dans ce voyage.– Très bien. Elle calme déjà mon angoisse.– Maintenant regardez-moi dans les yeux.Il fixe les yeux noisette du Père qui l’hypnose immédiatement. Jones suit un trait invisible avec ses doigts du front d’Alessandro jusqu’à son nombril. L’Italien sent une énergie quitter son corps par les pieds. Ensuite, le sexagénaire dirige ses mains vers le bras gauche du patient, prononce une incantation étrange avec des sons mongols et arrache d’un coup sec le bracelet. Alessandro se sent porter et projeter dans le vide, comme s’il s’agissait d’une chute. Il est pris d’un profond sommeil.
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LE 31 OCTOBRE 2019
Alessandro arrive devant son immeuble ultra-moderne, construit il y a à peine deux ans. Il voit des gyrophares devant l’entrée de son building. Des voitures de police et une ambulance y sont garées, un périmètre de sécurité de dix mètres est constitué autour du bâtiment. « Tiens quelque chose a dû se passer… », se dit-il.Il voit un groupe constitué de voisins qu’il connaît soit de visage soit par de courts échanges superficiels. Il s’approche du cercle, salue de la tête les personnes qui l’ignorent ; elles sont toutes prises dans la conversation.– Ah oui, on le connaissait de vue un peu. Un homme très poli.– Oui, répond une jeune femme, j’ai conservé un petit peu avec lui.– Savez-vous d’où il vient ?– De Milan, à moins que ce soit Venise. Un très bel homme. Très cultivé. – Il ne travaillait pas pour le MI6 ? demande un vieil homme.– Non, je ne crois pas, répond la femme. Il me semble qu’il travaillait pour une multinationale européenne.– Pour moi, il devait être agent, déclare l’homme âgé. On a vu des meurtres assez atypiques dans le quartier depuis quelques années…– Vous connaissez son nom ? demande une autre voisine se mêlant à la conversation.– Alessandro, il me semble, répond la jeune femme.Alessandro ne comprend rien. Il veut intervenir mais on ne l’entend pas. Il regarde parterre et découvre avec horreur son corps écrasé contre le sol.– Je n’aurais jamais imaginé qu’il avait des idées noires, qu’il se suiciderait, prononce la jeune femme. Il semblait si épanoui, si souriant, si sûr de lui. – Ou peut-être on l’a aidé à se jeter… réplique l’homme suspicieux. Vous savez avec tous ces Russes à Londres…– Mais il était italien, répond un homme plus jeune.– Il devait en savoir trop sur un sujet. – Mourir si jeune, quelle tristesse…La jeune voisine semble troublée. Elle quitte le groupe pour faire une petite marche.
Elle s’éloigne et voit comme une ombre passer au coin de l’immeuble d’à côté. La personne semblait porter une grande capuche noire. Elle se dirige vers le coin de la rue et regarde vers le tunnel sous le large viaduc sur lequel roulent les trains en provenance de la gare de Waterloo. L’individu en question est vêtu d’une cape noire et disparaît dans l’obscurité du passage. Nul n’est surpris de voir un tel accoutrement puisqu’on fête la Halloween. Elle continue sur la rue du Black Prince et là, elle perçoit un objet brillant et magnifique sur le trottoir. Elle le ramasse, le reconnaît, il s’agit d’un alliage ressemblant à de l’or et de l’argent mais qui a été conçu par des matériaux venant d’une météorite. Ils sont extrêmement rares et proviennent de Sibérie. Elle hésite, tentée de le mettre autour de son poignet gauche. Elle sourit. Alessandro a beau lui crier de ne pas le mettre, elle n’entend pas, mais heureusement, elle range le bracelet dans la poche de son pantalon. Elle revient vers son immeuble et lorsqu’elle tourne au coin de l’hôtel Park Plaza sur Albert Embankment, satisfaite de son bijou exceptionnel, elle jette un coup d’œil devant elle et fonce droit dans une personne portant un café et le renverse sur lui.– Oh, je suis terriblement désolée. Je vous ai sali.– Hélas, oui. C’est embêtant, car je voulais dîner au Chino Latino, ce restaurant réputé à l’intérieur de cet hôtel. Et comme je réside très loin d’ici, à Hampstead, je ne peux pas me changer.– Vous n’êtes pas d’ici ?– Non, je suis de San Francisco.– Je n’aurais pas deviné.– C’est parce que ma mère est japonaise et mon père afro-américain. – Bon… Si vous voulez… vous pouvez vous changer chez moi le temps que je fasse une lessive rapidement.– Merci, c’est très gentil, mais je ne voudrais pas vous déranger.– J’insiste.Le cellulaire de l’Américain se met à vibrer.– Vous permettez ?– Oui bien sûr.– Juste un message.Il sourit et se tourne de nouveau vers l’Anglaise.– Moi, c’est Barry. Et vous ?– Leslie. Que faites-vous à Londres ?– Je suis artiste. J’ai une exposition dans une galerie à Hampstead. Et vous ?– Rien de glamour. Je suis fonctionnaire au ministère de la Défense.
***
Tous les deux franchissent le périmètre de sécurité. Sur le sol, seules les traces marquées à la craie autour du corps du suicidé restent visibles. À l’intérieur de l’appartement de la jeune femme, Barry dépose son blouson sur une chaise et son téléphone sur la table du séjour. Il va dans la salle de bains pour se changer. Le téléphone vibre à nouveau. Leslie qui se trouve à côté lit le SMS sur l’écran par curiosité, mauvaise habitude professionnelle :« Mission accomplie. Les transactions azéries vers la Russie et celles d’Arménie vers l’Iran ont été faites. Preuve qu’il est possible de détenir un Ph.D et être abruti à la fois. Lol 🙂 On se voit au Chino-Latino, vôtre dévouée E.»Leslie sourit. Elle fouille dans l’autre poche pour vérifier les papiers de l’étranger. Elle se dirige ensuite vers sa commode y sort un revolver auquel elle ajoute un silencieux. Elle prend son portable et envoie un message : “Neutralisation de l’adversaire SpyRus15. Complice pistée. Voisin éliminé. Agent M16-66”.
FIN
2024©Pierre Scordia
Illustration couverture : 2024©Robinsong Collective & Stenly Graphics
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