Chronique d’une Révolution : Ukraine 2013 – 17
3. LA RÉVOLUTION KIÉVIENNE DE FÉVRIER 2014
Couverture médiatique en France et en Angleterre dont celle de The Economist
Auteur: Pierre Scordia
Cette révolution n’a pas de nom car elle n’est pas encore terminée. L’élite en place à la chute du régime de Ianoukovych ne plaît guère à la population. L’accueil froid réservé à l’opposante Yulia Tymochenko sur la place Maidan reflète ce sentiment. Les révolutionnaires de la place Maidan ne veulent plus du système oligarchique qui consiste à se servir de l’État plutôt qu’à le servir. Les manifestants ne font aucunement confiance à la Rada ni aux leaders de l’opposition. Ils désirent que les choses bougent. La Rada, quant à elle, a commis l’erreur d’enlever au russe le statut de langue officielle (alors que celle-ci était dominée par le Parti des Régions, parti largement russophone). Ce geste politique ne fait qu’alimenter la propagande de Poutine et contribue à la division du pays.
Pour The Economist, la seule chose qui unisse le pays est la reconnaissance de Kiev comme la capitale du pays. Kiev est un symbole national auquel les Ukrainiens russophones et ceux de langue ukrainienne s’identifient. Pour le magazine, il est urgent que le nouveau gouvernement en place établisse des passerelles entre les régions russophones de l’Est et du Sud et les oblasts de l’Ouest, cette Ukraine occidentale qui comme le rappelle la revue n’a connu la soviétisation qu’en 1939. On mentionne le rôle du maire de Lviv, Andrey Sadovyi qui a déclaré une journée de russe dans la ville où les gens sont invités à ne s’exprimer que dans la langue de Pouchkine.
Le magazine conclut que le prochain défi viendra de la Crimée car il est fort à parier que Poutine, humilié, cherchera à déstabiliser l’Ukraine, comme il l’a déjà fait en Géorgie avec l’Abkhazie. Il est possible que Poutine tente d’annexer la péninsule de Crimée.
Pour le journal de gauche The Guardian, les Occidentaux n’ont pas compris que le Président Yanukoviych n’était pas pire au niveau de la corruption que les leaders de l’opposition dont la très riche Yulia Tymochenko. Cependant, The Guardian, par la voix de Shaun Walker, s’inquiète de la propagande russe qui associe les manifestants à des gens sinistres à la solde de l’Occident dont l’objectif final est de déstabiliser la Russie. La contradiction est que les défenseurs des bases russes en Crimée qui dénoncent les fascistes de Kiev se comportent comme des gens de l’extrême-droite. Quant au Financial times, il regrette que les médias russes ne rapportent pas la réalité des choses, par exemple qu’une large partie des Ukrainiens qui sont enrôlés dans l’armée ukrainienne et dans la garde nationale sont russophones. Le Financial Times déplore cet amalgame fait entre Russes et russophones, amalgame voulu par le Président Poutine.
FΩRMIdea Paris, le 21 juillet 2017.
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