Les bienfaits de l’acupuncture
Auteur: Dr Robert Corvisier
Vous avez été formé à la médecine classique, vous vous êtes installé d’abord comme médecin généraliste. Comment êtes-vous venu à l’acupuncture ?
Je me suis installé à Monts (au Sud de Tours - France). Très vite, la médecine générale m’a apporté des moments d’ennui, je me suis posé des questions sur la prescription de médicaments de manière quasi systématique... Et c’est un peu par hasard que j’ai découvert l’acupuncture : je suis tombé amoureux de ce type de médecine.
Pourquoi y a-t-il une telle frilosité vis à vis des médecines traditionnelle comme l’acupuncture?
C’est tellement difficile de rentrer dans le système de pensée de l’acupuncture qui appartient à une autre culture que beaucoup de gens n’osent pas y recourir ; c’est pourquoi, il y a quelques mois, j’ai écrit mon livre SOIGNER AVEC L’ACUPUNCTURE édité aux éditions Dunod. Il ne s’agissait pas pour moi de vulgariser mais d’expliquer ce qu’est l’acupuncture à ceux qui ne la comprennent pas.
La médecine conventionnelle elle-même a encore beaucoup de mal à l’accepter. Le lien entre sa culture scientifique et la symbolique à la base de l’acupuncture est impossible spontanément. En acupuncture, tout est basé sur l’énergie ; au plan scientifique, cette énergie n’est pas mesurable... Cela peut paraître irréconciliable. Il y a ainsi de violents rejets à l'égard de cette pratique. Cependant, depuis plusieurs années des médecins acupuncteurs exercent dans certains services hospitaliers qui s’ouvrent aux médecines complémentaires.
Dans votre ouvrage, vous tentez de créer un lien entre les deux.
Dans ce livre il y a un volet sur l’acupuncture dans sa conception la plus traditionnelle qui se réfère à de textes remontant à 2500 ans et un volet scientifique retraçant ce qui a été fait en recherche clinique sur le sujet. Je fais le lien entre une tradition parfaitement respectée et la science moderne. Cependant, je ne me place pas dans l’esprit d’une acupuncture moderne, standardisée - peu efficiente -, qui pratique toujours les mêmes points pour les mêmes pathologies, ce qui serait plus conciliable avec la médecine conventionnelle mais dans celui d’une acupuncture traditionnelle qui respecte la spécificité de chaque patient.
Qu’ont pu prouver les recherches cliniques ?
Au plan scientifique, on a pu démontrer que les douleurs dans le bas du dos et dans le genou sont traitables avec l’acupuncture. Le problème est que la majorité des travaux ne sont pas reproductibles pour la simple raison que l’acupuncture effectuée dans ces travaux scientifiques ne respecte pas les lois traditionnelles de l'acupuncture. Durant nos dix années de recherche dans le département de pharmacologie de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, nous avons prouvé que l’acupuncture avait une action réelle parfaitement objectivée par l'enregistrement des pouls des patients au niveau du poignet (artère radiale), critère fondamental en acupuncture car il prouve instantanément l'action sur les patients.
Que peut l’acupuncture et que ne peut-elle pas ?
L’acupuncture s’adresse aux pathologies fonctionnelles c'est à dire celles qui relèvent plus d'un mauvais fonctionnement du corps que d'une réelle blessure: les maux de ventre, de dos, de tête, les insomnies, les sensations de boules dans le ventre dues à l'angoisse, des maladies créées par le stress comme certains eczémas et allergies etc. Ces pathologies ne correspondent à aucun critère organique qui spécifie une maladie, à aucune atteinte “visible” d'un organe. La majorité des patients qui viennent consulter ont le plus souvent épuisé toutes les thérapeutiques occidentales classiques et, découragés, ils ont recours à l’acupuncture.
FΩRMIdea Tours, le 8 décembre 2017.