La Bretagne face au déclin de la France anglaise

LA NEUTRALITÉ BIENVEILLANTE DE LA BRETAGNE

1427-1443

Auteur: Pierre Scordia

Le chroniqueur Thomas Basin dans son oeuvre "Histoire de Louis XI" tient le public dans l’illusion d’une puissante armée bretonne que Français et Anglais redoutent, ce qui expliquerait selon lui la raison pour laquelle on ménage le duc Jean V de peur qu’il ne rejoigne les forces adverses.[1] La réalité est pourtant bien différente : si Jean V choisit la voie de la négociation, de la modération et de la neutralité, c’est pour conserver la paix et l’intégralité territoriale du duché, en d’autres mots, par faiblesse militaire. Rappelons qu’il s’est allié d’abord à Henry V pour écarter le risque d’une invasion anglaise. Il reconduit cette alliance avec le duc de Bedford, régent du nouveau roi de France, Henry VI.

Le duc de Bedford

Mal lui en a pris dans sa brève tentative de rapprochement avec les Valois entre 1424 et 1425, consacrée par le mariage d’Isabelle de Bretagne et de Louis d’Anjou, et par l’hommage rendu à Charles VII. Ce dernier geste perçu comme une trahison par le duc de Bedford, lui vaut une déclaration de guerre le 16 janvier 1426. En mars 1427, le Régent apporte son soutien aux Penthièvre, montrant ainsi la possibilité de déposséder les Montfort de leurs domaines et il organise de petites expéditions punitives dans les marches de Bretagne : Vitré est mise à feu et à sang, la forteresse de Pontorson, à la frontière normande, est prise et confisquée. En juillet 1427, par crainte que les Anglais ne lui enlèvent des places stratégiques comme Saint-Malo, Jean V prie Bedford de lui accorder un traité de paix. Le régent acquiesce mais à ses conditions : Jean V se voit contraint de prêter hommage à Henry VI pour le duché de Bretagne dans les trois mois qui suivent la demande du suzerain,[2] ce en vue d’assurer ses arrières auprès de la noblesse bretonne ; il fait ratifier ce traité dans lequel il devient clairement le vassal du roi d’Angleterre & de France (Henry VI prétend au trône de France) par les États de Bretagne. Le duc n’avait pas d’autres choix face à l’inaction du duc de Bourgogne et de Charles VII.

Jean V reste loyal envers les Lancastre et continue sa politique de collaboration bien après la mort du très redouté régent (en 1435), même si la conjoncture lui est favorable pour une rupture de son allégeance envers Henry VI. S’il la maintient, c’est parce qu’il est préoccupé par la situation de plus en plus précaire de la France lancastrienne. Soucieux d’équilibre entre les forces afin de mieux assurer son indépendance, le duc redoute une hégémonie des Valois sur le royaume de France.

Les difficultés politiques anglaises

Les historiens britanniques s’accordent pour affirmer que l’autorité d’Henry V a été bénéfique pour la politique intérieure de l’Angleterre. Pendant son règne, Henry V renforce l’union dans le royaume, améliore les relations entre le Parlement et la couronne, instaure un début d’ordre et de justice dans le pays redonne de l’espoir au peuple et redresse les finances de l’état - même si les dettes persistent. Par contre, on ne peut pas en dire autant de sa politique extérieure. Il est vrai que la conquête de la France est loin d’être une entreprise cavalière ou mégalomane pour l’Anglais du XVe siècle, elle reste légitime ; d’ailleurs, le Parlement s’y associe. L’erreur d’Henry V est de s’imposer en tant qu’héritier et non en tant que conquérant. Rappelons qu’au Moyen-Âge, l’idée de conquête équivaut à une volonté divine. La méprise d’Henry V est de négocier ses droits par le traité de Troyes avec un seul parti français, les Bourguignons, écartant de fait les Armagnacs, qui n’ont d’autre option que celle de soutenir le dauphin déshérité, Charles VII. Il aurait été préférable pour Henry V de profiter de la guerre civile en France pour obtenir de Charles VI et des pairs français la reconnaissance de l’annexion du riche duché de Normandie au royaume d’Angleterre. Le traité de Troyes n’est en fait qu’une très courte victoire pour les Lancastre.[3]

A la mort d’Henry V, les Anglais doivent gérer un vaste empire allant des marches écossaises jusqu’aux Pyrénées sans la possibilité de pouvoir négocier une paix officielle avec les Valois avant la majorité d’Henry VI qui n’a alors que dix mois.[4] Gouverner deux royaumes est une autre affaire que d’administrer une enclave continentale comme celle de Calais. La double monarchie des Lancastre n’a ni les ressources militaires ni les moyens financiers pour gérer à la fois une France en guerre et une Angleterre en proie à de sérieuses dissidences au sein même de l’aristocratie. Toutes ces difficultés ne feront que s’aggraver en 1435, par la trahison du duc de Bourgogne qui joint ses forces à celles de la coalition franco-écossaise.

Politique extérieure de l’Angleterre

La vulnérabilité des Anglais en France est perceptible par des événements symboliques mais de grande importance dans un monde occidental où Dieu est omniprésent : la victoire de Jeanne d’Arc à Orléans, le sacre de Charles VII à Reims et l’édit de Compiègne en 1429.[5] Ces épisodes ne menacent en rien pour l’instant la présence anglaise sur le continent ; en revanche, ils rendent à présent difficile, voire impossible, la conquête de tout le royaume de France.

L’événement qui fragilise l’installation de la double monarchie est la rupture de l’alliance anglo-bourguignonne par le traité d’Arras dans lequel Philippe le Bon et Charles VII décident de coopérer. Cette désunion s’explique en partie par les manigances du duc de Gloucester dans les Flandres bourguignonnes. [6]  La conséquence immédiate pour l’Angleterre est la perte de Paris et de l’Ile de France. Ainsi la Bretagne se retrouve-t-elle en 1435 le seul état dans les frontières du « Royaume de France » à conserver de bonnes relations avec les Anglais.[7] Désormais, l’implantation anglaise en Normandie dépendra du maintien de l’alliance tacite entre les Montfort et les Lancastre.[8]

Politique intérieure anglaise

Ce qui mine surtout l’Angleterre, ce sont les dissensions au sein du conseil royal. La rupture de l’alliance avec la Bourgogne et le décès du duc de Bedford la même année accentuent les divisions politiques. On retrouve d’un côté le duc de Gloucester, tenant d’une politique agressive avec la continuation de la guerre tout en priorisant la défense de Calais, plus proche des Pays-Bas que sa femme et lui convoitent ;  de l’autre côté, le Cardinal de Beaufort et William de la Pole (comte puis duc de Suffolk) deviennent rapidement favorables à une politique de conciliation avec la France, conciliation souhaitée par le jeune roi Henry VI.[9] Par sa nouvelle position influente, Beaufort obtient de nombreuses faveurs royales et en profite pour placer ses deux neveux, John et Edmund Beaufort à des postes clés au gouvernement de la France lancastrienne. En 1440, John, alors comte de Somerset, est fait lieutenant-gouverneur de la Normandie pour une année. Trois ans plus tard, le roi le nomme à la tête d’une expédition militaire d’envergure afin de redresser la situation en France, et à cette fin, Somerset obtient des pouvoirs exceptionnels relevant uniquement du sceau royal. Edmund, comte de Mortain puis comte de Dorset est quant à lui, désigné Capitaine et Gouverneur du Maine et de l’Anjou dès 1438 et comme son frère, il reçoit du roi des pouvoirs élargis pour la région mancelle cinq ans plus tard. De cette façon, les frères Beaufort échappent à l’autorité du nouveau lieutenant-gouverneur de Normandie, l’ambitieux duc d’York, envoyé à Rouen en 1441.[10] Toutefois, ces privilèges octroyés rendent incohérente la politique royale en France et créent une inimitié entre les Beaufort et le duc d’York.  Ces hommes, tous jaloux et imbus de leurs pouvoirs qui désormais empiètent les uns sur les autres contribueront très peu à l’intérêt général.

Problèmes rencontrés en Normandie

Fonctionnement du système féodal anglais en Normandie

L’expédition entreprise par Henry V se différencie des précédentes car elle a pour dessein l’annexion de la Normandie, même si, à l’instar des campagnes antérieures, elle servira les intérêts de l’aristocratie qui conformément aux méthodes traditionnelles de la guerre s’enrichira grâce aux pillages et aux rançons. Cependant, cette fois-ci, les Lancastre expriment la ferme intention de conserver cette terre qu’ils considèrent inhérente au Royaume d’Angleterre et qu’ils ont l’intention de coloniser et d’inféoder.

Le meilleur moyen pour atteindre ses deux derniers objectifs semble alors pour la Couronne de distribuer des fiefs normands à sa noblesse. Ces concessions foncières lui serviront à établir un système féodal pour renforcer la sécurité militaire du duché à un moindre coût. En échange de la cession royale, le seigneur anglais est tenu de remplir ses obligations féodales, entre autres, celle de défendre le domaine octroyé en cas de guerre sous peine de se le voir confisqué.

Depuis la conquête, la Normandie fait partie intégrante du domaine du roi, ce qui permet à ce dernier d’en disposer comme bon lui semble. En général, les seigneurs normands qui le reconnaissent comme souverain peuvent conserver leurs biens. Nonobstant, beaucoup d’entre eux préfèrent l’exil plutôt que de s’incliner devant celui qu’ils appellent l’usurpateur.[11] Cet exode redouble à partir de 1436, lorsqu’un état d’apathie cesse avec les derniers revers politiques et militaires des Anglais, ce qui fait naître l’espoir d’une prochaine reconquête française.[12] Les propriétés des émigrés sont saisies par la Couronne et redistribuées à des sujets anglais plus loyaux.

Échec de la colonisation anglaise

La Normandie attire surtout la Gentry anglaise en quête d’un titre et d’un riche domaine.[13] Elle attire aussi une aristocratie avide de revenus mais qui malheureusement pour les Lancastre ne s’acquitte pas des devoirs envers la Couronne car la plupart des nobles résident en Angleterre. Comment peuvent-ils assurer la sécurité et la défense de leurs domaines français s’ils demeurent Outre-manche ? L’aristocratie corrompt le système et parmi les grands fraudeurs on retrouve les noms de Humphrey de Gloucester, Richard d’York, John Fastolf et Sir Walter Hungerford, le sommet de la hiérarchie de l’État.[14]

Sous la régence du puissant duc de Bedford, le peuple anglais est convaincu que la Normandie sera perpétuellement anglaise. À l’exemple de l’inféodation de Calais, Bedford encourage l’implantation de colonies anglaises dans les villes de Cherbourg, Harfleur et Caen :[15] elles se solderont toutes par un échec, l’instabilité politique dans le duché décourageant trop de colons. A titre d’exemple, la ville de Harfleur a connu une explosion démographique avec la venue de 10,000 colons anglais sous le règne d’Henry V. Il n’en restera plus que 400 en 1449.[16]

Parallèlement, le Régent souhaite une meilleure intégration de la population normande au nouveau régime en substituant une occupation militaire à une administration civile. La conquête du Maine et de l’Anjou en 1424 permet d’avancer le front hors des frontières normandes et ainsi de relâcher la pression martiale sur la population normande. Il devient essentiel pour les Anglais d’instaurer une stabilité dans la riche Normandie afin de recouvrer une prospérité qui permettra à l’administration civile de prélever efficacement les taxes qui serviront à financer les guerres en France et soulageront considérablement le fardeau fiscal en Angleterre.

Les difficultés financières et militaires des Lancastre

En Angleterre

Le manque de recettes que connaît la Couronne anglaise tout le long du XVe siècle a de graves répercussions sur le sort de son armée en France. Même en Angleterre, bien qu’il n’y ait pas de menaces sérieuses de l’étranger, à l’exception toutefois de l’instabilité sur la frontière avec l’Écosse, les Anglais craignent étrangement une invasion par le flanc sud à partir de 1435. Dès lors, ils organisent des patrouilles sur les côtes afin de parer à tout danger, pour y parvenir, la Couronne doit faire appel aux services des locaux puisqu’elle ne dispose plus de flotte[17] ni de ressources financières suffisantes pour s’en doter. Mais qui donc les Lancastre craignent-ils au juste ? Qui menace les côtes méridionales anglaises ? Seuls, les pirates bretons se livrent de temps à autre à de petites excursions de pillage. On ne comprend pas très bien la logique des gouvernants d’autant plus qu’ils conservent toujours le contrôle de la Manche grâce aux possessions normandes et calaisiennes. Il semble qu’un sentiment de xénophobie et de paranoïa collectif, auquel s’ajoute un état d’esprit morose concernant l’avenir de la double monarchie, pèsent sur le pays.

En France

La menace sur la France lancastrienne est bien plus sérieuse depuis que les difficultés financières s’aggravent. A partir de 1431, la Couronne est déficitaire dans son entreprise sur le continent.[18] La situation se dégrade à un tel point que faute de liquidités disponibles, le gouvernement paie ses serviteurs en leur octroyant de nouvelles seigneuries normandes.[19] L’occupation militaire du nord-ouest de la France devient un véritable gouffre financier ; en effet, les assauts bourguignons en Picardie et à Calais qui relèvent de la trahison coûtent très cher.

Manque de ressources humaines

La première difficulté militaire est le recrutement d’hommes. Dans les années 1440, les nobles refusent de s’enrôler dans une aventure qui n’en finit plus et, de surcroit, qui ne rapporte rien. Thomas Basin parle d’une aristocratie anglaise ayant perdu son dynamisme au combat et il dénonce son accoutumance à l’indolence et à la paresse.[20] Même s’il faut douter de l’objectivité du chroniqueur, sa description exprime néanmoins une certaine réalité : la combativité des Anglais est sapée par le manque de clairvoyance de leurs dirigeants.

Dans les années 1440, l’Angleterre manque de génies militaires, à l’exception du connétable Talbot ; les chevaliers anglais en France ne possèdent ni qualités guerrières ni bon jugement.[21] Pire, l’instabilité à la tête du gouvernement de France fragilise la situation : après la mort du duc de Bedford, des nominations en série de gouverneurs en Normandie se font en l’espace de quinze ans, on voit défiler le duc d’York (1436-37), le comte de Warwick (1437-1439), le comte de Somerset (1440), puis à nouveau York (1440-1447) et enfin le duc de Somerset (1447-1450).

Manque d’argent pour financer les opérations militaires

Contrairement à Calais[22], l’allégeance de la population de Normandie est loin d’être acquise et l’insécurité dans le duché est quasi-permanente car les militaires et les mercenaires non soldés se livrent le plus souvent au pillage de la région, d’où le prélèvement difficile des taxes et l’adhésion de la population à la cause lancastrienne plus improbable. Quant à la guerre, elle ne fait que qu’empirer les choses car les incursions incessantes des soldats détruisent les récoltes. A partir des années 1440, on enregistre un nombre important de plaintes de petits propriétaires ne pouvant plus payer l’impôt à cause de la diminution du rendement des terres.[23] Seule une trêve ou une paix entre Valois et Lancastre pourrait aider les Anglais à renflouer les caisses du Trésor en Normandie et en Angleterre.

Toutefois, les nominations du duc de York à ta tête du duché normand sont accueillies favorablement par la population anglaise de Normandie. Sa proche parenté avec le roi Henry VI l’associe à la Couronne déterminée à rétablir la situation militaire en France.[24] D’ailleurs, le duc d’York ne cache pas ses intentions, il est favorable à la continuation de la guerre et presse Londres d’envoyer du renfort. Il parvient à un accord dans lequel la Couronne s’engage à fournir une aide annuelle de 20.000 £ au duché normand pour la création d’une cavalerie permanente de trois mille hommes dont l’objectif sera d’endiguer l’avancée française. Ce dessein qui paraissait au départ réalisable s’avère très vite illusoire. Dès la première année, en 1441, Londres est incapable de verser plus de 5.000 £.[25] En septembre, le duc demande aux États du duché réunis à Rouen de lui fournir 600.000 livres tournois pour contrecarrer l’offensive des troupes françaises qui viennent de prendre Pontoise et Evreux. La situation ne fait qu’empirer suite aux échecs militaires consécutifs de 1442 et 1443. Même Talbot échoue dans son entreprise de reconquête de Dieppe.[26]

Richard of York

La politique suivie par York ne fait pas l’unanimité, loin de là. Même si l’attribution d’un second mandat de Gouverneur-Lieutenant de la Normandie est bien accueillie, il ne comblera pas les attentes de la population. Cet homme ambitieux exige de la Couronne de larges pouvoirs pour finalement en abuser outrageusement : il renforce le système de népotisme, de clientélisme et de favoritisme, son administration et son gouvernement deviennent quasi-anglais et exclusivement yorkistes. Il ne faudra pas s’étonner par la suite que la Normandie perde la priorité au sein du conseil royal tant que York restera à la tête du duché.[27]

Un empire anglais trop vaste à gérer

La vaste étendue de l’Empire lancastrien n’arrange rien aux difficultés militaires ; bien au contraire, elle accroît les problèmes : en 1441, Calais nécessite des renforts armés et des fonds importants pour renforcer ses fortifications et payer les soldes des garnisons en place.[28] Quant à la sécurité de la Guyenne, la plus vieille possession anglaise en France (depuis plus de trois siècles), elle repose désormais entièrement sur la loyauté des seigneurs gascons et sur celle de la notabilité bordelaise. Dès 1437, les Anglais ont dû négocier avec la noblesse locale (en particulier les Armagnac et les Albret) pour garantir la sûreté du duché[29], possession qui leur tient à cœur, ils conservent des liens commerciaux étroits avec ce duché. Grâce aux revenus considérables tirés du négoce du vin, l’Aquitaine est le seul territoire anglais sur le continent où la Couronne ne perd pas d’argent. Mais, face à la précarité militaire et financière de plus en plus visible de l’Angleterre, beaucoup de Gascons commencent à s’interroger et deviennent de plus en plus nombreux à rejoindre le parti Valois. L’historien M.G.A. Vale, dans la conclusion de son livre English Gascony, 1399-1453, écrit que la Guyenne anglaise devient une cause perdue dès 1442, bien que cette cause soit légitime.[30]

Traité anglo-breton

Les Bretons sont inquiets des difficultés de leur allié parce qu’une chute de l’Empire lancastrien en France pourrait compromettre la stabilité politique et économique de la Bretagne. En octobre 1440, le duc Jean V et le comte de Somerset signent une nouvelle entente qui inclut un traité de libre commerce par mer et par terre entre les deux pays. Cependant, l’accord est avant tout d’ordre politique car les deux signataires s’engagent à ne pas s’attaquer et il y est stipulé que le duc de Bretagne ne doit en aucune façon soutenir ou même ravitailler les villes et les places rebelles à l’autorité anglaise.[31]

Mais l'une des priorités du duc de Bretagne sera celle de trouver un terrain d'entente entre les Lancastre et les Valois. Seule la paix entre l'Angleterre et la France assurerait à long terme l'indépendance du duché. Et une paix sérieuse doit reposer sur un mariage princier. Jean V deviendra alors héraut de la paix entre Anglais et Français afin de conserver ce statuquo très favorable à la Bretagne.

Notes de l’auteur

[1] Bassin-Samaran, ii, Thomas Basin, Histoire de Louis XI. Charles Samaran (éd.), Paris, « Les Belles Lettres », 1963. 68.

[2] Ici, Knowlson cite pour source le document des archives de Loire-Atlantique, E121, 9. In G.A. Knowlson, Jean V, duc de Bretagne et l’Angleterre (1399-1442). Cambridge-Rennes, 1964. 137 ; René Blanchard, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, de 1402-1442. Nantes, Société des Bibliophiles Bretons, 1889-95, 5 vol., t. 4-8 (coll. : Archives de Bretagne), t.vi, 210. Dans les recueils de Morice et de Rymer, il s’agit uniquement de la ratification du traité de Troyes ; voir le traité de Troyes ratifié par les États de Bretagne et le texte de l’hommage de Jean V à Henry VI, Dom P.H. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne. Paris, 1742-1746 [réimprimé en 1968, Farnborough, Gregg International Publishers], 3 vol. ii, 1198-1205.

[3] C. Allmand, Henry V. Londres, Methuen, 1992. 426-442 ; G.L. Harriss, Henry V. The Practice of Kingship. Alan Sutton, 1993 (1e éd. : 1985). 201-209.

[4] Les régents ne pouvaient pas négocier les droits d’Henry VI sur la couronne de France. Seul le roi possédait ce privilège puisqu’il était l’unique représentant de la volonté divine. Allemand (1992), 438.

[5] L’Édit de Compiègne est un document dans lequel Charles VII annule tous les confiscations faites par le régime anglais, démontrant ainsi la volonté des Valois de récupérer tous les territoires perdus. C. Allmand, Lancastrian Normandy 1415-1450. Oxford, 1983, 272 & 283.

[6] Les relations anglo-bourguignonnes se dégradèrent tant sur le plan politique qu’au niveau économique. Le différend qui fâcha fut la rébellion dans le Hainaut organisée par la première femme du duc de Gloucester, Jacqueline de Bavière, en automne 1424. Humphrey de Lancastre tenta à plusieurs reprises de recouvrer l’héritage de son épouse confisqué par le duc de Bourgogne - Jacqueline ayant hérité de son père, Guillaume de Bavière, le Hainaut, la Hollande et la Zélande. A cette tension politique s’ajoutaient les frictions commerciales entre les Flandres bourguignonnes et l’Angleterre et son port de Calais. Il ne fallait donc pas s’étonner de voir Philippe le Bon se tourner vers Charles VII en 1435 et signer une entente avec lui lors de la conférence d’Arras. Au départ, celle-ci avait pour objectif d’apporter la paix entre Français et Anglais. Le Cardinal de Beaufort, représentant d’Henry VI, y avait participé uniquement dans le but de sauver l’alliance anglo-bourguignonne, la paix en France ne constituant pas une priorité pour lui. Vaughan, Philip the Good. Londres, Longman, 1970, 31-53 ; R.A. Griffiths, The Reign of King Henry VI. Londres, Ernest Benn, 1981, 179, 187, 200 & 203-205 ; Jocelyne G. Dickinson, The Congress of Arras, 1435, Oxford, 1955, 118-198 & 208 ; G.L. Harriss, Cardinal Beaufort. Oxford, 1988, 249-250.

[7] Le 6 juillet 1434, une trêve de deux ans est signée entre la Bretagne et l’Angleterre. Elle est par la suite renouvelée pour dix ans le 1er juillet 1435. Knowlson, 155.

[8] P.A, Johnson, Duke Richard of York, 1411-1460. Oxford, 1988, 31.

[9] Les dissensions entre Beaufort et Gloucester étaient visibles dès 1429 à propos du couronnement d’Henry VI. Harriss (1988), 191-193 ; Griffiths (1981), 190-195 & 445-450 ; Ferguson, English diplomacy. 1422-1461. Oxford, 1972, 8. Sur le conflit d’intérêt entre les Beaufort et les ducs d’York et de Gloucester, voir le chapitre « The Last Throw, 1442-1444 » in Harris (1988), 332-352 ; MK. Jones, « John Beaufort, duke of Somerset and the French expedition of 1443 », Patronage, The Crown and The Provinces in Later Medieval England. Ralph A. Griffiths (éd.), Gloucester & Atlantic Highlands, N.J., Allan Sutton & Humanities Press, 1981, 79-81.

[10] M.K. Jones, 79-90 ; Harriss (1988), 332-342 ; Johnson, 41-43.

[11] C. Allmand, « The Lancastrian land settlement in Normandy, 1417-50 ». Economic History Review, 2nd ser., 21 (1968), , 461-464.

[12] Ibid., 471.

[13] Ibid., 477.

[14] Ibid., 470.

[15] Sur la colonie anglaise de Caen, voir le chapitre «Caen: An “English Town” », in Allmand (1983), 81-121.

[16] Ibid., 464-465.

[17] Griffiths (1981), 206.

[18] Allmand (1968), 471. Selon Ralph Griffiths, les Anglais sont obligés de financer de leur propre poche les campagnes militaires en France et de recruter des soldats supplémentaires dès 1428. In Griffiths (1981), 188.

[19] Allmand (1968), 466 et 471.

[20] Bassin-Samaran, ii, 291-293

[21] Griffiths (1981), 462-463. Pour l’historien A.J. Pollard, même Talbot était loin d’être un génie. S’il conservait une popularité dans l’île, c’était plus pour sa bravoure et sa loyauté que pour un quelconque talent ou don militaire. In A.J. Pollard, John and the War in France, 1427-1453.  Londres, Royal Historical Society, New Jersey, Humanities Press, 1983. 67.

[22] Calais connaissait aussi des problèmes financiers. Voir Griffiths (1981), 180-181 & 195-196.

[23] Allmand (1968), 471-473.

[24] Ibid., 473 ; Allmand (1983), 44-45 ; Griffiths (1981), 461.

[25] Griffiths (1981), 459-460.

[26] Allmand (1983), 184.

[27] En 1443, la Couronne qui manquait de ressources financières devait choisir entre la Guyenne et la Normandie. York ne sut convaincre les membres du conseil royal sur l’urgence de la situation financière et militaire dans le duché normand. Selon l’historien britannique Allmand, l’état de la Normandie empira considérablement sous l’administration du duc d’York. Le chaos s’imposa devant le manque de discipline des soldats, l’incapacité de régler les soldes et la pauvreté en artillerie. Allmand reconnaît toutefois que la tâche était rude dès le départ pour Richard d’York. Le renforcement militaire français, l’indécision d’Henry VI, l’instabilité économique et l’état lamentable des finances en Normandie rendirent la chose difficile à améliorer. Ibid., 45-46 & 209-210.

[28] Griffiths (1981), 469-471.

[29] Ibid., 205-206. Selon Vale, ce fut Henry V qui conçut la stratégie de gagner le royaume de France en collaborant étroitement  avec les grands nobles français. Pour la Guyenne, il misa sur la collaboration d’Albret et de Foix. M.G.A. Vale, English Gascony, 1399-1453: a study of war, government and politics during the later stages of the Hundred Years War. Oxford University Press, 1970, 82.

[30] « Lancastrian cause was as good as lost by 1442 ». Selon Vale, à partir de 1438, il y a eu une vague considérable de défections de seigneurs gascons à la cause lancastrienne. Vale (1970), 218.

[31] Traité passé entre Jean V et le Comte de Somerset, fait à Westminster le 18 octobre 1440. Morice, ii, 1342-1343.

À Nantes

Jean V et sa femme à Nantes

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June 7, 2021