Les Ingouches ((İnguşlar)

Auteur : Rinaldo Tomaselli

L’Ingouchie est une petite République autonome de Russie seulement depuis 1992, qui se situe en Ciscaucasie et qui ne compte qu’environ 470 000 habitants. Le pays a été annexé par la Russie en 1810 et pacifié à partir de 1864. Une large partie de la population de cette époque a été chassée vers l’Empire ottoman. Une nouvelle vague de réfugiés arriva dans l’empire immédiatement après la guerre de 1878 contre la Russie.

Déportation des Ingouches

En 1934, le territoire des Ingouches est rattaché à celui des Tchétchènes par les Soviétiques. Accusés de collaboration avec les Allemands (qui n’ont jamais pénétré en Ingouchie), les Ingouches et les Tchétchènes sont déportés ensemble massivement à la fin de février 1944 vers le Kazakhstan. 91 000 Ingouches ont été embarqués dans des camions, puis dans des wagons à bestiaux en trois jours. Plus du tiers mourut lors du voyage ou en arrivant sur place. Certains villages difficiles d’accès et qui ne purent être évacués dans les délais ont vu leur population entièrement supprimée sur place. Les Ingouches se battant sur le front allemand ont été désarmés puis déportés quelque temps plus tard. L’autonomie de la République de Tchétchénie-Ingouchie fut supprimée et certaines parties du territoire furent annexées au Daghestan et à l’Ossétie du Nord. Une partie des villages furent détruits, tandis que d’autres déplacés du Caucase étaient installés dans le territoire (Grecs pontiques, Arméniens, Ossètes, Laks).

Après la mort du responsable des déportations, les Caucasiens pourront retourner chez eux. Pourtant, le journal français L’Humanité pleure la mort de Staline…

Le ‘pardon’ russo-soviétique

C’est en 1957 que les autorités soviétiques « pardonnèrent » aux Ingouches et donnèrent l’autorisation de retourner sur leurs terres. Des frictions devaient avoir lieu entre les Ingouches de retour d’Asie centrale et ceux qui les avaient remplacés. En 1992, un conflit armé, qui fit plusieurs centaines de morts, éclata entre les Ingouches et les Ossètes du territoire de Prigorodny, ancienne possession ingouche annexée à l’Ossétie du Nord en 1944.

En 1992 également, l’Ingouchie se sépara de la Tchétchénie et devint une République autonome.

Les Ingouches sont environ 240 000 en Ingouchie, le reste (presque la moitié des habitants) est composé de réfugiés tchétchènes et de quelques petites minorités ethniques. D’autres Ingouches vivent dans les territoires proches de leur République, notamment en Tchétchénie, en Ossétie du Nord, dans le territoire de Stavropol et au Daguestan.

Les communautés ingouches en Turquie

En Turquie et dans les anciennes terres ottomanes du Proche-Orient (Jordanie, Syrie), les Ingouches n’ont que partiellement conservé leur culture et leur langue. En Turquie, ils pourraient atteindre les 50 000 personnes réparties surtout dans les provinces de Muş, Mardin et Adana où se trouvent une quinzaine de villages ingouches et plusieurs villages mixtes qui ont tous été fondés entre les années 1865 et 1901.

Enfants ingouches d’Anatolie centrale (Beyşehir), 1965

Les Ingouches sont très majoritairement musulmans avec une minorité chamaniste, surtout présente en Ingouchie.

Déportation de la population ingouche – 1944

Déportations staliniennes (1930 -1950)

Texte de Rinaldo Tomaselli | ©Marina Rota

Mise à jour

Par Pierre Scordia

Dans le cas d’une défaite russe en Ukraine et la chute du régime de Vladimir Poutine, il est possible qu’un conflit armé survienne entre l’Ingouchie et la Tchétchénie, surtout si dernière choisit à nouveau la voie de l’indépendance. L’imposition d’un accord frontalier défavorable à l’Ingouchie qui cède 9% de son territoire aux Tchétchènes est très mal vécu par la population ingouche ; cet accord d’octobre 2018 s’est fait sans l’organisation d’un référendum, alors qu’une telle consultation populaire avait été promise aux Ingouches. Le Kremlin, quant à lui, a plutôt soutenu les revendications de Grozny où règne en maître absolu le protégé et serviteur de Poutine, Ramzan Kadyrov. D’ailleurs, celui-ci a menacé les Ingouches d’une intervention armée s’ils refusaient ce traité. 

Par ailleurs, la mobilisation disproportionnée des jeunes Caucasiens et Sibériens pour mener la guerre meurtrière en Ukraine ne fait qu’exacerber le ressentiment des Ingouches envers le pouvoir russe.





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